Alors que les addictions aux opioïdes font des ravages, des chercheurs français ont mis au point une nouvelle catégorie de nanomédicaments capable de lutter contre la douleur sans risque de dépendance.
Les nanomédicaments sont 50 000 fois plus petits que l'épaisseur d'un cheveu, et sont capables de transporter via l’organisme une molécule jusqu'à la zone infectée : un gène, une protéine, une cellule, un organe…
"Une efficacité plus grande que celle de la morphine"
"Il a été montré que ces nanomédicaments induisaient, chez le rat, un effet antidouleur important et prolongé, avec une efficacité plus grande que celle de la morphine", expliquent les auteurs de l’étude cités par Reuters. "Grâce à l’utilisation d’antagonistes des récepteurs aux opiacés, ne pénétrant pas la barrière hémato-encéphalique, il a été observé que, contrairement à la morphine, les nanoparticules de leu-enképhaline-squalène épargnaient le tissu cérébral et agissaient exclusivement au niveau des récepteurs périphériques", expliquent-ils encore.
Ces scientifiques ont eu recours à un lipide appelé "squalène", et y ont associé des neuropeptides produits par le corps, qui influencent naturellement les récepteurs impliqués dans la douleur. Combinées, les deux substances ont démontré qu’elles "épargnaient le tissu cérébral" et se manifestaient "exclusivement au niveau des récepteurs périphériques". De ce fait, le risque d’addiction est contourné.
Hospitalisations pour overdose
Chaque année, 12 millions de Français sont traités par des médicaments à base d’opium, dont 1 million par opioïde fort. Entre 2004 et 2007, les prescriptions supplémentaires d’opioïdes forts, comme le l’Oxycodone et le Fentanyl, ont augmenté de 100% (500 000 prescriptions supplémentaires). En conséquence, les hospitalisations pour overdose et le nombre de décès associés ont explosé depuis les années 2000 (+167% et +146%). Un problème venu tout droit des Etats-Unis, où 64 000 Américains sont morts en 2017 par overdose d’opiacés, ce qui en fait l'une des causes principales de la diminution de l’espérance de vie depuis quelques années.
En France, au moins 12 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques, et "70% de ces 12 millions de patients ne reçoivent pas un traitement approprié", dénonçaient déjà l’année dernière les spécialistes réunis au sein de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD).