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Plaisir et dépendance

Par le Dr Jean-François Lemoine

On dit toujours que le 1er jour de l’année et, plus largement, le mois de  janvier sont les moments pour prendre de bonnes résolutions comme perdre le plus vite possible les kilos entassés au début de l’hiver et pendant les réveillons. Être fidèle, gentil avec son conjoint et patient avec ses enfants. Ou encore boire moins et arrêter de fumer. D’ailleurs, la vente des patches de nicotine ou les consultations anti-tabac sont là pour confirmer qu’il faut profiter de ces moments clés, où les décisions semblent plus faciles à prendre. Vous aurez remarqué que j’ai dit boire moins et arrêter de fumer. Et non pas l’inverse. Car il s’agit de problèmes de dépendance différents. On sait en effet qu’il ne faut pas un nombre de cigarettes très élevé pour se retrouver dépendant. On sait aussi qu’en tabac les faibles doses restent dangereuses même si le risque augmente avec la consommation. D’ailleurs, les cancers des fumeurs passifs nous rappellent qu’on peut risquer sa vie lorsque l’on vit avec un très gros fumeur. Les études sur ce sujet longtemps tabou sont implacables.

Pour l’alcool, le problème est différent. Il est vrai que la consommation quotidienne de boissons alcoolisées – et pas seulement le vin comme on voudrait le faire croire en France – n’entraîne ni dépendance, ni problème de santé ! Il semble même – et c’est des travaux sérieux qui l’affirment – que la faible consommation d’alcool ait un effet bénéfique sur notre cœur et nos vaisseaux. Mais il faut rappeler également ce que l’on appelle faibles doses : moins de 3 verres de vin par jour pour l’homme et deux pour la femme. Au-delà les ennuis de santé peuvent commencer et les avantages sont noyés par les inconvénients. C’est pour cette raison que l’on peut dire qu’il faut moins boire et non pas ne plus boire. C’est d’ailleurs un excellent test pour mesurer sa propre dépendance. Toute personne qui n’arrive pas à limiter sa consommation, sur par exemple 2 à 3 semaines, est dépendante et doit consulter. Rendez-vous donc dans un mois pour les buveurs. En revanche, pour les accros de la cigarette, pas d’autres alternatives que l’arrêt brutal, aidé ou pas par les patches, chewing-gum, acupuncture ou hypnose. C’est mieux qu’au loto, même si on dit que c’est difficile, il y aura tout de même 30 à 40 % de gagnants.