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Etude de l'Inserm

Optogénétique : la stimulation lumineuse contre les TOC

Par Bruno Martrette

Des chercheurs français ont réussi à réduire le comportement compulsif de souris à l’aide de l’optogénétique, une technique alliant stimulation lumineuse et génie génétique. L'espoir renaît chez les patients atteints d'un TOC.

ISOPIX/SIPA

Le calvaire que vivent les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs serait-il sur le point de se terminer ? L'hypothèse est désormais envisageable. Une expérience menée au Massachusetts Institute of Technology de Boston par des chercheurs français de l’Inserm a en effet réussi à réduire le comportement compulsif de souris mutantes.

 

De précédentes études en neuroimagerie avaient, dans le passé, permis d’identifier chez les personnes atteintes d'un TOC, des dysfonctionnements dans des circuits de neurones. C'est pourquoi dans cette nouvelle étude, Eric Burguière et ses collaborateurs de l'Inserm ont concentré leurs recherches sur ce circuit de neurones pour, à la fois examiner sa fonction en détail et développer une approche pour traiter les comportements compulsifs d'un modèle de souris mutantes.

Chez ces souris, les TOC se traduisaient par des toilettages répétés tout au long de la journée pouvant déclencher des lésions cutanées. D'une part et d’un point de vue physiologique, ces animaux n’exprimaient pas une protéine, normalement présente dans les neurones, et associée à des fonctions telles que l’apprentissage de séquences, l’émergence d’habitudes, ou encore la prise de décision. D'autre part, les chercheurs ont pu montrer, grâce a des enregistrements de l’activité des neurones, qu'une défaillance dans le cerveau des souris conduisait à une hyperactivité des neurones chez ces rongeurs, autre cause de ces TOC.


Pour venir à bout de ces troubles, les chercheurs ont alors utilisé l'optogénétique, une technique alliant stimulation lumineuse et génie génétique. Ils ont ainsi réussi à rétablir un comportement normal chez des souris présentant des comportements répétitifs comparables aux TOC chez les humains. Plus en détails, les chercheurs ont excité par stimulations lumineuses les neurones du cortex, les comportements compulsifs des souris ont été alors largement atténués. En revanche, en dehors de ces périodes de stimulation, les comportements compulsifs réapparaissaient. « Nos découvertes montrent que la stimulation sélective du circuit peut rétablir un comportement normal chez des souris présentant à l’origine des comportements répétitifs pathologiques », précise Eric Burguière. Et le chercheur de rajouter, « cette étude est prometteuse d’un point de vue méthodologique car elle montre que l’approche avec la technique d’optogénétique pourra permettre d’identifier le rôle de circuiteries neuronales du cerveau qui, si elles sont dysfonctionnelles, peuvent provoquer des comportements pathologiques ». Sans doute un espoir pour les patients atteints de TOC.

 

Les comportements répétitifs sont caractéristiques d'un certain nombre de maladies neuropsychiatriques, notamment dans le TOC où ils peuvent se développer de manière compulsive au point de devenir un véritable handicap pour la vie quotidienne (se laver les mains jusqu’à 30 fois par jour, vérifier à l’excès qu’une porte est bien verrouillée, etc.). En France, on estime que plus d’un million de personnes sont atteintes de ce trouble.