Prendre des mesures radicales contre la consommation excessive d’alcool alors que la consommation quotidienne baisse depuis trente ans, cela peut paraître paradoxal. Pourtant, c’est ce que réclame une quinzaine de professeurs de santé publique, psychiatres, addictologues et criminologues, dans un rapport remis à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie le 7 juin, et révélé par Le Parisien. Pour appuyer leur demande, le constat est sans appel : aujourd'hui, ces « épidémies » industrielles dépassent largement les épidémies infectieuses. Et les dégâts collatéraux de l’alcool sont majeurs. Au-delà des victimes directes (49 000 morts par an), il faut savoir que « 25 % des condamnations sont directement liées à l'alcool », de même que 40 % des violences conjugales et 30 % des viols.
Ces spécialistes de santé publique exigent donc de frapper fort : interdire la publicité pour l’alcool sur Internet, relever massivement les taxes sur le tabac et l’alcool, sans oublier le vin. « Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la santé publique, les gouvernements épargnent systématiquement le vin », regrettent-ils. Les taxes sur le vin sont de 3,55 € par hectolitre alors qu’elles peuvent atteindre 600 € pour un whisky. Au niveau des sanctions, pas question non plus que l’alcool continue à bénéficier d’un régime de saveur. Les rapporteurs préconisent donc d’harmoniser les sanctions entre drogues licites et illicites. « L'intérêt de ce rapprochement est que toute personne verbalisée serait automatiquement orientée vers un service d'addictologie », souligne le Parisien.
Pour que leurs préconisations ne restent pas des vœux pieux, ces spécialistes de santé publique en appellent directement à François Hollande. « Ce combat doit être un « chantier présidentiel avec une implication forte du président de la République. » Un minimum pour lutter contre le lobby de l’alcool et surtout du vin.