Utiliser un grille-pain ou récurer un lavabo : ces tâches basiques contribuent à la pollution de l’air. En les réalisant, nous projetons des particules chimiques dans l’air que nous respirons ensuite, à des niveaux largement supérieurs que ce à quoi nous pourrions penser. Ce sont les résultats d’une étude de terrain réalisée par des chercheurs de l’Université du Colorado, aux Etats-Unis.
Des niveaux de pollution équivalents à ceux des véhicules dans les grandes villes
Les chercheurs ont mené cette étude en 2018 en posant des capteurs et des caméras pour contrôler la qualité de l’air dans un appartement du campus de l’Université de Texas Austin. Pendant un mois, ils se sont relayés pour réaliser des tâches quotidiennes dans cet espace : cuisiner, nettoyer, se doucher, etc. Ils ont réalisé divers constats : par exemple, utiliser une cuisinière à gaz pour faire bouillir de l’eau produit des particules polluantes qui se répartissent ensuite dans l’air. Les chercheurs ont été surpris par les niveaux constatés de ces polluants.
"Le simple fait de griller une tartine augmente les taux de particules à des niveaux largement supérieurs aux attentes", précise Marina Vance, l’une des auteurs de cette recherche. Une fois accumulées dans l’air ces particules produisent une pollution supérieure à celles des voitures dans les grandes villes. Ces matières polluantes sont volatiles, se répandent à l'extérieur et contribuent donc à la dégradation globale de la qualité de l’air.
Une pollution sous-estimée par les Français
Depuis plusieurs années, la communauté scientifique s’intéresse à la qualité de l’air dans nos maisons, qui est largement sous-estimée par la population. En 2016, lors d’une étude réalisée en France, 77 % des sondés déclaraient penser que la qualité de l’air dans leur maison était bonne. Or, l’air peut être jusqu’à huit fois plus pollué à l’intérieur à cause des produits ménagers détergents, des outils de cuisson ou encore des matériaux de construction. D’après la revue Science of the Total Environment, en 2012, 4,3 millions de personnes sont décédées à cause de la pollution de l’air intérieur, soit 600 000 décès de plus que ceux dus à la pollution extérieure.