Mi-décembre 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) donnait via un communiqué son feu vert à l’usage du cannabis à visée thérapeutique sous certaines conditions. Moins de trois mois plus tard, la première expérience clinique est sur le point de commencer à Marseille.
Selon le quotidien La Provence, l’hôpital La Timone de la cité phocéenne s’apprête en effet à commencer d’ici peu les premiers essais auprès d’une trentaine de patients souffrant de la maladie de Parkinson.
L’établissement suit donc les recommandations de l’ANSM qui a indiqué vouloir que le cannabis à visée thérapeutique soit réservé aux "patients dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance des thérapeutiques, médicamenteuses ou non, accessibles (et notamment des spécialités à base de cannabis ou de cannabinoïdes disponibles)". "Cet usage peut être envisagé en complément ou en remplacement de certaines thérapeutiques", précisait encore l’ANSM. La maladie de Parkison fait partie des situations thérapeutiques justifiant l’usage du cannabis et qui ont été retenues par les experts de l’agence sanitaire.
Mesurer l’effet du cannabis sur les troubles moteurs, l’anxiété et la dépression
Financé par le centre d’excellence Dhune et l’association France-Parkinson, l’essai clinique sur le cannabis thérapeutique sera mené par le service de neurologie et de pathologie de l’hôpital, le CNRS et l’Institut de neurosciences de La Timone auprès d’une trentaine de patients ainsi qu’auprès de volontaires sains et non-fumeurs. L’essai devrait durer un an.
"Dans un premier temps, nous allons étudier les principes actifs du produit (THC et CBD) afin de trouver sa combinaison optimale, à partir de cannabis de synthèse", explique le professeur Olivier Blin, chef du service de pharmacologie clinique à la Timone, au quotidien.
L’objectif d’une telle expérimentation : mesurer l’effet du cannabis sur les effets moteurs de Parkison, deuxième maladie neurodégénérative après Alzheimer, et qui occasionne une perte progressive du contrôle des mouvements et l’apparition d’autres symptômes moteurs comme les tremblements au repos et une rigidité des membres. Les scientifiques souhaitent aussi analyser les effets du cannabis thérapeutique sur les troubles non liés à la motricité, comme l’anxiété et la dépression.
"On va enfin dans le bon sens. Les médecins et la population commencent à comprendre que s’il est bien encadré et suivi, il n’y a pas de raison de priver les patients d’un produit qui améliorerait leur vie", se réjouit Olivier Blin.
En attendant les résultats de l’essai, quatre nouveaux groupes d’experts analysent actuellement l’équilibre bénéfices/risques du cannabis thérapeutique, explique Le Parisien. Si leurs résultats sont concluants, le cannabis pourrait être prescrit aux malades d’ici 2020.