Les dangers de l’alcool et du tabac sur la santé ne sont un secret pour personne. Responsables à eux deux de 250 millions de décès dans le monde en 2015, ils sont aussi la cause d’innombrables troubles et pathologies, ainsi que du vieillissement accéléré de l’organisme.
Mais comment expliquer, alors qu’ils sont bien conscients des risques encourus, que certains finissent tout de même par boire et fumer, puis persistent dans leurs addictions ? Une nouvelle étude auprès d'un très grand nombre de personnes, menée par des chercheurs internationaux, estime que certains variants génétiques peuvent prédisposer à la consommation accrue d’alcool et de tabac.
566 variants génétiques découverts
Dans un article publié dans la revue Nature Genetics, les chercheurs expliquent avoir découvert "plusieurs gènes associés à une forte consommation d'alcool et de tabac". "Nous avons également étudié la corrélation entre ces gènes et le risque de développer diverses maladies et troubles", explique le Professeur Kristian Hveem du Centre de recherche HUNT. Avec son équipe, il a utilisé les données provenant de 1,2 million de personnes recueillies lors de plusieurs études antérieures qui incluaient différentes catégories d'âge, ainsi que "des cultures ayant des attitudes différentes à l'égard de la consommation de drogues et des habitudes différentes de consommation d'alcool et de nicotine".
En analysant ces données, les chercheurs ont découvert un total de 566 variants génétiques issus de 406 zones différentes du matériel génétique humain. Toutes ces variations sont susceptibles d’être liées à l’usage de l’alcool ou du tabac et 150 de ces zones sont liées à leur consommation. Parmi ces gènes, certains sont notamment impliqués dans la neurotransmission nicotinique, dopaminergique et glutamatergique. "Ce qui, dans une certaine mesure, peut fournir une explication biologique à la recherche de stimuli artificiels", expliquent les auteurs.
Ces derniers ont par ailleurs constaté que ces modifications génétiques prédisposaient aussi à certaines pathologies. "Le groupe d'étude génétiquement prédisposé au tabagisme était aussi génétiquement prédisposé à un certain nombre de problèmes de santé, dont l'obésité, le diabète, le trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et diverses maladies mentales, alors que le risque génétique d'alcool était associé à un risque moindre de maladie", détaille le Dr Hveem. "Cela ne signifie pas qu'une consommation accrue d'alcool améliore la santé, mais indique une complexité qui doit être davantage étudiée."
Pour les chercheurs, cette découverte ouvre de nouvelles perspectives dans la compréhension des addictions. Ils précisent cependant qu’une variante génétique qui prédispose une personne à un certain caractère n'a pas besoin d'être "exprimée" ou biologiquement active, ce qui pourrait dépendre de plusieurs facteurs. Par ailleurs, les conditions sociales influencent aussi la consommation d’alcool et de tabac, ce qui rend difficile toute conclusion définitive, reconnaissent-ils.