Donner le bon médicament au bon patient, en se fondant sur le portrait moléculaire de la tumeur plutôt que sur sa localisation, c'est tout l'enjeu des thérapies dites ciblées. Ces nouveaux médicaments permettent en effet d'offrir aux malades atteints de cancer, une thérapie plus spécifique et mieux adaptée que les chimiothérapies classiques. Et lors du congrès de l'American Society of Clinical Oncology (Asco) qui s'est achevé cette semaine à Chicago, nous avons assisté à de nombreuses avancées thérapeutiques dans la prise en charge de multiples cancers. Et, cette révolution médicale n'en est sans doute qu'à ses débuts.
Cancer de la thyroïde, une survie doublée
Une série d'études présentées au gigantesque congrès de l'Asco, qui a réuni 35.000 personnes, accréditent en effet l'idée que les thérapies ciblées vont prendre une place de plus en plus importante aux côtés, voire en remplacement, des traitements de référence. Ces thérapies vont par exemple à l'avenir très probablement améliorer la prise en charge du cancer du poumon, une tumeur au pronostic sombre qui est diagnostiquée chez 40.000 Français chaque année. On en connaît aujourd'hui une dizaine de mutations génétiques. Deux d'entre elles, qui se rencontrent chez 14 % des patients, répondent désormais positivement à des médicaments spécifiques ayant une autorisation de mise sur le marché. Et chez les malades concernés, principalement des anciens ou des non-fumeurs, les traitements font gagner près d'un an supplémentaire de contrôle de la maladie, alors qu'ils n'ont qu'un effet marginal sur les autres tumeurs.
Autre étude, autre avancée, une équipe de chercheurs américains a réussi à démontrer qu’un médicament, le Nexavar, doublait la survie de malades atteints d’un cancer de la thyroïde résistant à la radiothérapie. Il s’agit du premier anticancéreux depuis quarante ans à montrer une efficacité pour des cancers agressifs de la thyroïde résistant au traitement avec l’iode radioactif.
Cancer du poumon, des régressions spectaculaires de la tumeur
Enfin, une troisième mutation dans le cancer bronchique pourrait bientôt répondre à une nouvelle thérapie ciblée. Le Dr David Planchard, cancérologue à l'Institut Gustave-Roussy, a présenté à l'Asco les résultats préliminaires d'une étude qui montre l'efficacité d'un médicament sur la mutation du gène Braf (qui concerne 1,6 % des tumeurs). À l'appui de sa démonstration, l'oncologue a notamment montré à ses confrères les scanners thoraciques de deux patients, dont le cancer a régressé de manière spectaculaire après quelques semaines de traitement.
Au final, grâce aux progrès des chercheurs dans la compréhension du fonctionnement des cellules cancéreuses, la recherche sur ces nouveaux traitements progresse à grande vitesse. Plus d'un millier de molécules sont aujourd'hui en développement. Des petits pas qui devraient se transformer en grandes avancées dans la guérison des cancers.