Lorsqu’on est toujours debout à deux heures du matin, la tentation de prendre un somnifère est forte. Pourtant, "les somnifères ne font pas dormir mais perdre conscience", rappelle dans la Charente Libre le Dr Patrick Lemoine, psychiatre et spécialiste du sommeil. Pour l’expert, la réponse "ne se trouve pas forcément dans les somnifères", car ces médicaments "n’induisent pas le sommeil mais nous mettent dans un état d’anesthésie légère. Ils ne sont indiqués que dans certains cas sévères et généralement prescrits pour une durée limitée".
"A chacun son sommeil"
Sur le long terme, mieux vaut par exemple privilégier les thérapies cognitivo comportementales (TCC), un changement de mode de vie si nécessaire (activité physique, alimentation saine, horaires réguliers d’endormissement et de lever, moins d’écrans, sieste…), l’acupuncture, la sophrologie, la méditation, l’auto-hypnose ou encore certaines plantes, toutes ces solutions potentielles devant bien sur être encadrées par un médecin.
Un Français sur trois souffre de troubles du sommeil récurrents (apnée, syndrome des jambes sans repos, insomnie, hypersomnie). Pour lutter contre ces afflictions, Pileje et France Insomnie lanceront en mars prochain la campagne de santé publique "A chacun son sommeil".
La durée d'une nuit idéale
"Depuis une quinzaine d’années, les lourdes conséquences physiques et psychologiques du manque de sommeil sont désormais prouvées. Le problème, c’est que ce message n’est pas passé auprès du grand public. Les gens ne font pas de leur sommeil une priorité, alors que ça devrait être un temps incompressible du quotidien", déplore le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée, psychiatre et médecin spécialiste du sommeil. "Quand on ne dort pas bien sur une longue période, et qu’on ne comprend pas pourquoi, il faut consulter", insiste-t-elle.
Des chercheurs de l'Onassis Cardiac Surgery Centre (Grèce) ont d’établi que la durée d’une nuit idéale devait être comprise entre six et huit heures de sommeil. Les petits dormeurs (moins de 6 heures) ont un risque accru de 11% de développer ou de périr d'une maladie des coronaires et d'un AVC. Une autre cohorte de 3 974 adultes, présentée par le Spanish National Centre for Cardiovascular Research (CNIC) de Madrid, a également prouvé que les personnes qui dormaient moins de six heures par nuit ou qui se réveillaient à plusieurs reprises pendant leur sommeil développaient plus d'athérosclérose asymptomatique. Les hommes d'âge moyen dormant moins de cinq heures par nuit doublent aussi leur risque de maladie cardiovasculaire grave, selon l'université suédoise de Göteborg.
Développement des cancers du sein et de la prostate
Une privation de sommeil chronique a par ailleurs été associée à la prise de poids, l’obésité, la contraction d’infections, le développement des cancers du sein et de la prostate (hormono-dépendants), l’hypertension ou encore la dépression.