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Chikungunya, dengue, zika

Bientôt une solution miracle pour en finir avec les piqûres de moustiques ?

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs américains ont réussi à créer un coupe-faim pour moustiques afin que ces derniers ne nous piquent plus. 

Dmitry Vdovichenko/iStock

Et si l’on n’avait plus besoin de se gaver de malarone et de s’asperger de produit anti-moustique chimique à chaque voyage exotique? Alors que plus de 725 000 personnes meurent chaque année d’un virus provoqué par une piqûre de moustique, des chercheurs américains auraient trouvé la solution pour nous débarrasser définitivement de ces indésirables: leur couper l’appétit. Les résultats de leur étude sont parus dans la revue scientifique Cell.

Chez les êtres humains, c’est le neuropeptide Y (NPY) qui contrôle la sensation de satiété en augmentant la sécrétion d’insuline et en diminuant la dépense énergétique. Des médicaments existant déjà afin de réguler l’appétit chez les personnes obèses, des chercheurs de l’Université de Rockefeller se sont demandés s’ils pourraient les utiliser chez les moustiques afin de diminuer leur envie de nous piquer.  

Résultat : les insectes ayant absorbé les substances se comportaient comme s’ils venaient de manger : au repos pendant deux à trois jours. Au cours de ce laps de temps, ils sont même restés indifférents à une souris anesthésiée riche en sang frais et à un bas en nylon porté pendant plus de dix heures, deux choses qui les attirent particulièrement en période de chasse. Au contraire, les moustiques qui n’avaient absorbé qu’une solution saline, remplissant l’abdomen sans agir sur le système nerveux, se remettaient bien plus vite en quête de sang.

Toutefois, pour être efficace, le traitement devra être répandu en grande quantité dans la nature. Il lui faudra donc donc être complètement inoffensif pour l’homme. Fort heureusement, les scientifiques ont réussi à identifier six composés agissant sur les récepteurs NPYLR7 sans perturber ceux des humains.

De nombreux obstacles restent à surmonter avant la mise en place de ce traitement

Par ailleurs, que les amis des bêtes se rassurent, les moustiques privés de sang ne mourront pas de faim, expliquent les chercheurs. En effet, quand ils n’ont pas d’hommes à proximité, ils ont pour habitude de se nourrir de nectar de fleur par exemple.

"Si je pouvais convaincre tous les moustiques de la Terre de boire notre médicament, ils perdraient tous leur appétit pendant 2 à 3 jours. La diminution des piqûres de moustiques limiterait la transmission des maladies. Ce serait formidable", s’enthousiasme Leslie Vosshall, une neurobiologiste ayant participé à l’étude dans un article publié sur le site Nature. Toutefois, les composés devant être absorbés à très haute dose pour toucher les moustiques, la chercheuse voudrait s’associer avec des chimistes pour créer une molécule plus puissante, pouvant donc être dispersée en plus faible quantité.

Quoi qu’il en soit, avant de pouvoir mettre en place ce produit de rêve, plusieurs obstacles restent à surmonter. Ainsi, les chercheurs doivent voir si la réponse des insectes à leur invention est la même dans la nature que dans un laboratoire. Il leur faudra également trouver un moyen de délivrer le traitement au moustique (ils envisagent, pourquoi pas, des pièges imitant l’odeur des humains). Enfin, un dispositif spécial devra être créé afin que le coupe-faim ne puisse pas affecter d’autres insectes tels que les papillons.

Des insectes responsables de la transmission de nombreuses maladies

La route semble donc encore longue avant la mise en place d’un tel dispositif mais si les chercheurs y arrivaient, leur produit pourrait réellement changer la donne. En effet, outre les insupportables traces et irritations que les piqûres de moustiques entraînent, elles sont responsables de la transmission de nombreuses maladies, potentiellement mortelles.

Parmi elles, le chikungunya, la dengue, le virus Zika, le virus West Nile, la fièvre jaune, l'encéphalite japonaise et le paludisme. Par ailleurs, avec la mondialisation, la propagation de ces maladies va de plus en plus vite: une personne infectée dans une zone où la maladie est présente peut se faire piquer à son retour de voyage par un moustique vecteur. Ce dernier pourra ensuite, quelques jours plus tard, piquer d’autres personnes qui seront infectée à leur tour par le virus, "entraînant l’apparition des premiers cas autochtones pouvant être à l’origine d’une épidémie", explique le ministère français de la Santé sur son site.

"En matière de prévention collective, la lutte communautaire vise à supprimer les gîtes larvaires à l’intérieur et autour de son habitat (les zones d’eau stagnante comme les dessous de pots, les déchets, les gouttières, etc.) C’est le moyen le plus efficace pour diminuer la densité de moustiques", rappelle alors le gouvernement, encourageant les voyageurs ou personnes vivant dans des zones endémiques à porter des vêtements longs et amples, ainsi qu’à utiliser des moustiquaires et des répulsifs. En attendant l’arrivée du super coupe-faim pour moustiques dans la nature…