Hôtesses de l’air qui n’ont plus leurs règles, travailleurs de nuit qui dépriment et souffrent d’insomnie… Cela fait des années que l’on sait que ne pas travailler à des horaires réguliers et souffrir de décalage horaire affecte le rythme circadien (biologique) des humains au point d’altérer drastiquement leur qualité de vie. Si aucun traitement n’a encore été trouvé afin de contrer ces effets secondaires, des chercheurs américains ont toutefois découvert le sport pourrait en revanche grandement aider à se réguler. Leurs résultats sont parus dans The Journal of Physiology.
Pour en arriver à ces conclusions, Shawn Youngstedt, du Collège de soins et d’innovation à la santé de l’Etat d’Arizona à Phoenix ont étudié les effets de l’exercice physique sur 51 participants âgés de 59 à 75 ans et 48 âgés de 18 à 30 ans. Ils ont calculé leurs rythmes circadiens et comment le sport les affectaient pendant 5,5 jours. Dans le détail, les 99 volontaires ont tous couru pendant une heure sur un tapis roulant pendant trois jours de suite à huit moments différents du jour et de la nuit. Les scientifiques ont ensuite déterminé l’horloge biologique des participants en analysant leurs urines et ses niveaux de mélatonine, hormone centrale de régulation des rythmes chronobiologiques.
Le corps relâche de la mélatonine à différentes doses selon les moments de la journée. Le pic est généralement atteint le soir et retombe le matin. Ainsi, en prélevant des échantillons d’urine des volontaires toutes les 90 minutes, les chercheurs ont pu identifier le moment précis où leur mélatonine augmentait et diminuait au cours de la journée. Résultats : faire de l’exercice à 7h du matin ou entre 13 et 16h réglait le rythme circadien plus tôt tandis que commencer le sport entre 19 et 22h le retardait. L’âge et le sexe des participants n’y changeait rien.
Modifier délibérément notre horloge biologique grâce à l’exercice physique
"Le sport est connu pour provoquer des changements dans notre horloge interne. Nous avons été capables de le prouver clairement avec notre étude", commente Shawn Youngstedt. Et de poursuivre : "Cela pourrait permettre d’utiliser le sport pour aider à contrer les effets secondaires du décalage horaire et du travail en horaires décalés". Autrement dit, changer délibérément notre horloge interne en faisant du sport à certains moments de la journée pourrait nous aider à bien mieux dormir, conclut l’étude.
En 2015 des chercheurs britanniques avaient déjà identifié des pics de performance sportive différents dans la journée en fonction de l’horloge biologique des athlètes (ceux plutôt du soir et ceux plutôt du matin). Ils avaient alors montré que les meilleurs résultats se situaient entre 16 et 19 h. Dans le détail, les différences de performance à travers la journée atteignaient 26 % chez les sportifs du soir, contre seulement 7,5% chez les athlètes du matin. Les premiers étaient meilleurs environ 11 heures après leur réveil naturel, soit vers 20h45, tandis que les seconds explosaient plutôt 5,5 heures après leur réveil biologique, soit vers 12h30. Les joueurs "intermédiaires" réalisaient quant à eux leurs meilleurs résultats vers 14 heures.
"Pour qu’un athlète puisse optimiser ses performances, le temps qui s’est écoulé depuis son réveil naturel (sans alarme, NDLR) semble être le critère le plus important et fiable. Cela n’est pas forcément important de savoir à quelle heure de la journée la meilleure performance personnelle doit être faite. Ce qui compte pour un athlète est combien d’heures après le réveil naturel, la compétition ou l’évaluation de la performance ont lieu", concluaient donc les scientifiques.