Les chercheurs viennent-ils de franchir une nouvelle étape dans l’élaboration d’un vaccin contre le VIH ? C’est ce que laisse espérer une nouvelle étude menée par l’Université d’État de Pennsylvanie (Penn State University).
Dans un article publié dans la revue Nature Communications, ses auteurs expliquent être parvenus à l’aide d’une modélisation informatique à créer des protéines capables d’imiter les différentes caractéristiques de surface du VIH en s’infiltrant dans son revêtement protecteur. Testées sur des lapins, ces protéines ont permis aux rongeurs de développer des anticorps capables de se lier au virus du sida pour mieux le combattre.
"Nous avons pu démontrer qu'en utilisant nos protéines conçues, le sang était capable de générer spontanément des anticorps qui peuvent inhiber l'infection par le VIH dans les modèles cellulaires", détaille Cheng Zhu, principal auteur de l’étude. "Quand nous avons incubé le virus VIH, son infectiosité a été considérablement réduite par le sang des lapins."
Des protéines qui stimulent une réponse immunitaire
Appelées immunogènes, ces protéines spécifiques ont la particularité de réussir à s’infiltrer à l’intérieur du VIH. Pour protéger une protéine à sa surface appelée Env, le virus utilise une couche de glucides ce qui rend très difficile son accès et sa neutralisation par des anticorps.
Les chercheurs ont cependant remarqué que des "trous" apparaissaient naturellement dans ce revêtement glucidique, exposant la protéine Env à des anticorps potentiels. Les immunogènes ont été créés en laboratoire pour cibler ces trous. "Pour développer des anticorps neutralisants - c'est-à-dire qui neutralisent plusieurs souches d'un virus - nous devons trouver quelque chose qui reste constant sur le virus pour que ces anticorps s'y accrochent", explique le Pr Cheng Zhu.
Avec son équipe, le chercheur est parvenu à copier des sections de la surface du virus et à les retranscrire sur des protéines bégnines "pour qu’elles ressemblent à la protéine Env, mais n’agissent pas comme elle". Son objectif : permettre au système immunitaire de reconnaître le virus et donc créer des anticorps pour le neutraliser.
Une fois ces immunogènes créés, les chercheurs les ont inoculées dans des lapins pour les immuniser. Ils ont ensuite prélevé des échantillons de sang une fois par mois, ce qui leur a permis de découvrir que leur sang contenait des anticorps capables de se lier au VIH.
Une étape dans l'élaboration d'un vaccin
Si ces résultats sont évidemment prometteurs, les chercheurs concèdent que le chemin est encore long avant la mise au point d’un vaccin contre le VIH. "Il est important que nous soyons en mesure de générer une réponse immunitaire au VIH et de montrer que c’est possible", a déclaré le Pr Nikolay Dokholyan, co-auteur de l’étude. "Mais nous devons encore améliorer les capacités de neutralisation des anticorps et d'autres aspects avant qu'il puisse devenir un vaccin viable."
"Les immunogènes que nous avons développées ne sont pas un produit fini, mais nous avons été en mesure de démontrer qu'il est possible de le faire", renchérit le Pr Zhu. "De plus, c'est aussi très excitant que nous ayons pu créer une nouvelle méthode pour fabriquer des protéines sur-mesure, ce qui pourrait aussi ouvrir la porte au développement de vaccins pour d'autres infections."