Le paludisme est une maladie infectieuse causée par des parasites du genre Plasmodium qui sont transmis aux humains lors de piqûres de moustiques infectés, appartenant à l'espèce Anopheles, essentiellement dans les pays tropicaux. "Près de la moitié de la population mondiale est exposée au risque de paludisme, selon l'Organisation mondiale de la Santé. En 2015, on a enregistré environ 212 millions de cas et quelques 429 000 décès dus à cette maladie". Très exposée, l’Afrique subsaharienne enregistrait 90% des cas et 92% des décès dus à cette infection cette année-là.
La date d'apparition d'une mutation génétique humaine définit celle du paludisme
Alors que l'on pensait que le paludisme était apparu en Afrique en même temps que l'agriculture il y a entre 4000 et 5000 ans, des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS ont découvert que cela ferait en fait 20 000 ans. Leurs travaux sont publiés ce jeudi dans la revue The American Journal of Human Genetics.
"La mutation génétique entraînant une anémie falciforme, une maladie chronique souvent mortelle chez les enfants de moins de cinq ans, a très tôt attiré l’attention de la communauté scientifique" en raison de ses vertus protectrices contre le paludisme, expliquent les chercheurs. Les individus porteurs de cette mutation appelée βS et localisée dans le gène HBB montrent une résistance accrue aux infections paludéennes. Selon les chercheurs, cette fameuse mutation génétique βS est "un marqueur idéal pour l’étude du paludisme", puisque "la date d’apparition de βS correspond en réalité à la date minimum d’apparition du paludisme". Un peu technique ? Vous allez comprendre.
Grâce à une étude approfondie de la mutation βS réalisée grâce au séquençage complet du gène HBB et à une vaste analyse génomique menée sur 479 personnes issues de 13 populations d’Afrique subsaharienne, les chercheurs ont pu découvrir que le paludisme serait apparu en Afrique il y a au moins 20 000 ans.
Les effets bénéfiques du métissage
Cette étude montre cependant une arrivée plus récente de la mutation génétique βS dans les populations de chasseurs-cueilleurs, c'est-à-dire il y a environ 4 000 ans. Les modifications de la forêt équatoriale survenues à cette époque, sans doute à cause d’un épisode de changement climatique et/ou d’une période de déforestation accrue due à une agriculture naissante, auraient favorisé la transmission du paludisme dans les populations pygmées.
"Nous montrons que la fameuse mutation βS conférant une résistance au paludisme aurait pu être amenée par les populations agricultrices venues au contact de ces populations de chasseurs cueilleurs lors de la grande migration Bantoue, quand les agriculteurs ont traversé la forêt équatoriale, pour ensuite suivre des routes migratoires vers l’est et le sud de l’Afrique sub-Saharienne", commente Guillaume Laval, premier auteur de l’étude. "Ces résultats éclairent d’un jour nouveau une part mal connue de l’histoire du paludisme et mettent en lumière les effets bénéfiques du métissage sur certains aspects de santé publique, comme par exemple la diffusion entre populations humaines de mutations de résistance à différents pathogènes", ajoute Lluis Quintana-Murci, co-dernier auteur de l’étude.
Les symptômes du paludisme
Il est important de rappeler sur le paludisme constitue la première cause de fièvre lors d'un retour d'un pays tropical. Les symptômes apparaissent généralement au bout de 10 à 15 jours après la piqûre de moustique infectante. "Les premiers symptômes – fièvre, maux de tête et frissons – peuvent être modérés et difficiles à attribuer au paludisme. S’il n’est pas traité dans les 24 heures, le paludisme à Plasmodium falciparum peut évoluer vers une affection sévère souvent mortelle", précise l'OMS. C'est pour cette raison qu'il est recommandé de prendre un traitement contre le paludisme lorsque l'on voyage - il s'agit de comprimés à prendre quotidiennement.
"Les enfants fortement atteints développent fréquemment un ou plusieurs des symptômes suivants: anémie sévère, détresse respiratoire consécutive à une acidose métabolique ou paludisme cérébral. Chez l’adulte, on observe aussi fréquemment une atteinte multi-organique. Dans les zones d’endémie, les personnes peuvent parfois être partiellement immunisées, et il peut y avoir des infections asymptomatiques".