La direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) signale des teneurs anormalement élevées en alcaloïdes dans des graines de pavot. "Les autorités sanitaires ont été informées par le Centre Antipoison de Paris d’un signalement de personnes ayant présenté des taux anormalement élevés d’alcaloïdes (morphine et codéine) dans leurs urines, indique la DGCCRF dans un communiqué. Ces personnes avaient consommé au préalable des pains aux graines de pavot".
Des investigations sont en cours
Des investigations sont actuellement en cours pour identifier l’origine de cette contamination et déterminer d'autres produits commercialisés sont concernés. En attendant, il est vivement recommandé d’éviter la consommation de produits de boulangerie contenant des quantités importantes de graines de pavot, en particulier avant d’exercer une activité nécessitant une attention particulière comme conduire, ou pour les populations les plus à risque (femmes enceintes ou allaitantes, enfants, personnes ayant un risque de rétention urinaire et personnes à risque respiratoire).
Comment expliquer que des traces de morphine aient été retrouvées dans des graines de pavot ? Si l'enquête de la CGCCRF devrait nous éclairer sur les raisons exactes de cet incident, il n'est déjà pas difficile de faire le lien entre les deux. En effet, comme l'explique le CNRS, le pavot à opium (Papaver somniferum album) pousse abondamment sous les climats très chauds, "permettant l'exploitation de ses fruits, les capsules. C'est en incisant ces dernières que l'on obtient un latex blanc nommé opium". En 1805, le pharmacien allemand Sertürner en a isolé le principe actif : la morphine. C'est donc des graines de pavot à opium que l'on fabrique la morphine.
En 2015, des scientifiques des Universités de Concordia à Montréal (Canada) et de Berkeley en Californie (Etats-Unis) ont permis de mettre au point un nouveau procédé pour synthétiser de la morphine sans avoir recours au pavot. Pour s'affranchir du pavot, les chercheurs ont utilisé de la levure génétiquement modifiée et du sucre. Ils ont introduit un gène issu de la betterave dans la levure, ce qui a permis de transformer la tyrosine (un acide aminé) en réticuline, une substance utilisée dans la conception de la majorité des antalgiques.
Les symptômes qui peuvent vous alerter
L’exposition à des teneurs importantes en alcaloïdes est susceptible de conduire rapidement et pendant plusieurs heures à des symptômes de type somnolence, confusion, fatigue, rougeur du visage, démangeaisons, bouche sèche, nausées, vomissements, constipation, rétention d’urine. Les personnes venant de consommer ces produits et qui présentent ces symptômes sont invitées à contacter un Centre Antipoison en expliquant ce qu'elles ont mangé ou de consulter un médecin.