Peut-on influer sur notre risque de développer un jour un cancer ? Pour un Français sur trois, il semblerait que non.
C’est ce que met en lumière une étude par l’Institut national du cancer et le Centre international de recherche contre le Cancer (CIRC). Elle démontre un certain fatalisme des Français face à ce qu’ils considèrent être, pour 96% des sondés, une maladie considérée comme la plus dangereuse, devant le VIH-Sida et les maladies cardio-vasculaires (31,5%).
40% des cancers sont évitables
Comment expliquer cette vision pessimiste et inéluctable qu’ont les Français du cancer ? Le dernier Baromètre cancer datant de 2015 donne des éléments de réponse. D’abord, l’évocation du cancer reste encore rattachée à la sémantique de la mort. Les mots utilisés par le monde médical évoquent souvent la sévérité de la maladie et sa potentielle évolution négative ("métastase", "généralisé"), ainsi que la mortalité : on parle ainsi de "décès" liés au cancer ou encore de maladie "incurable".
Par ailleurs, un tiers des personnes interrogées pensent que "l’on ne peut rien faire pour éviter un cancer". C’est pourtant oublier que changer ses comportements et habitudes de vie individuels peut permettre de prévenir 40% des cancers et que moins de 10% des cancers sont liés à la transmission d’une mutation génétique prédisposant à la maladie.
C’est pour rappeler cette réalité que l’Institut national du cancer lance ce lundi une nouvelle campagne d’information intitulée "Nous ne sommes pas impuissants face aux cancers". Pendant 3 semaines, une campagne sur les réseaux sociaux et trois films éducatifs seront proposés pour sensibiliser le grand public aux idées reçues qui entourent la maladie. "Ce décalage dans les perceptions de risque de cancers peut renforcer le sentiment d’impuissance face à la maladie. Pourtant, chaque concitoyen peut prévenir son risque de cancer en modifiant certains comportements et habitudes de vie", rappelle l’institut.
Le tabac, ennemi n°1
L’une des idées reçues à combattre concerne le tabac, qui constitue le premier facteur de risque évitable de cancers. En 2017, plus d’un tiers (31,9 %) de la population métropolitaine âgée de 18 à 75 ans fumait encore au moins occasionnellement.
Chaque année, le tabac est responsable de plus de 68 000 nouveaux cas de cancers et de 45 000 décès chez les adultes âgés de 30 ans et plus. La durée du tabagisme est encore plus délétère que la quantité consommée. Pourtant, 33,7 % des personnes interrogées, dans le Baromètre cancer 2015, continuent à penser que "fumer ne peut provoquer un cancer que si l’on fume beaucoup et longtemps". Par ailleurs, ils sont 70 % à adhérer à l’idée que "le sport permet de se nettoyer les poumons" ou que "respirer l’air des villes est aussi mauvais pour la santé que de fumer des cigarettes". L’Institut national du cancer souhaite donc rappeler que le tabac peut être la cause directe ou un facteur favorisant pour 17 localisations de cancers, notamment celui du poumon.
L'alcool, un facteur de risque sous-estimé
Responsable, chaque année, de 28 000 nouveaux cas de cancers et de 16 000 décès en France, la consommation d’alcool constitue le 2e facteur de risque évitable de cancers. Parmi les 7 localisations de cancers attribuables à ce facteur de risque, l’alcool, quel que soit son type, est la cause de 8 081 cancers du sein, 6 654 cancers du côlon et du rectum, 5 675 cancers de la cavité buccale et du pharynx, 4 355 cancers du foie, 1 807 cancers de l’œsophage et 1 284 cancers du larynx.
Pourtant, la connaissance du risque de sa consommation sur la survenue d’un cancer reste insuffisante voire erronée au sein de la population française. Ainsi, 84,9 % des personnes interrogées pensent que "le principal risque avec l’alcool, sont les accidents de la route et la violence". 75 % pensent que "boire des sodas ou manger des hamburgers est aussi mauvais pour la santé que de boire de l’alcool". Enfin, 1 personne sur 2 adhère à l’affirmation selon laquelle "ce sont surtout les alcools forts qui sont mauvais pour la santé". Or le risque de cancer intervient quel que soit le type d’alcool consommé.
Alimentation déséquilibrée et surpoids : des facteurs de risque mieux connus
Une alimentation déséquilibrée et le surpoids peuvent aussi favoriser l’apparition de cancers. Ce que la population française semble avoir majoritairement intégré (90,8% des personnes interrogées). Cependant, les perceptions sur les facteurs protecteurs ou les facteurs de risques de certains aliments varient encore.
Si les Français connaissent bien le caractère protecteur des fruits et légumes, ils ne sont que 33,5% à penser que la viande rouge n’a pas d’influence sur le risque de cancer. Or la consommation de viandes rouges a été classée comme probablement cancérogène pour l’homme par le Centre international de Recherche contre le Cancer. Des études épidémiologiques ont montré une association positive entre sa consommation et le développement d’un cancer colorectal.
Par ailleurs, le surpoids et l’obésité sont également largement perçus comme facteurs de risque de cancers pour 76 % des personnes. Toutefois, les personnes présentant un surpoids ou une obésité perçoivent moins ce risque que celles ayant une corpulence normale (respectivement 71,3 %, 73,6 % et 77,6%).