Travailler toute la journée, faire des heures supplémentaires puis rentrer à la maison pour s’occuper des tâches domestiques et des enfants. C’est le quotidien de nombreuses femmes actives.
Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health, pointe le danger que fait courir ce rythme effréné sur la santé mentale. Selon ses auteurs, travailler 55 heures par semaine accroît nettement le risque de dépression, notamment chez les femmes.
Des habitudes de travail différentes chez les femmes et les hommes
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont appuyés sur les données de Understanding Society, une étude longitudinale suivant depuis 2009 la santé et le bien-être de 40 000 ménages britanniques. Au total, ils ont analysé les données concernant 11 215 hommes et 12 188 femmes, recueillies entre 2010 et 2012.
En étudiant le questionnaire de santé générale des participants et en recueillant des informations sur leur temps de travail hebdomadaire, les chercheurs ont alors constaté que femmes et hommes avaient des modèles de travail très différents.
Ainsi, les hommes ont tendance à travailler plus d’heures que les femmes. Près de 50% des hommes interrogés font régulièrement des heures supplémentaires, contre moins d’une femme sur quatre. Ces dernières sont plus concernées par le temps partiel : près de la moitié des femmes interrogées travaillent à mi-temps, contre seulement 15% des hommes interrogés.
Autre constat : les femmes qui ont des enfants ont tendance à réduire leur nombre d’heures supplémentaires, tandis que c’est le contraire qui se produit chez les pères mariés. Ils sont aussi deux tiers à travailler le week-end, contre environ la moitié des femmes.
La double journée de travail des femmes
Si les femmes comme les hommes peuvent présenter des symptômes dépressifs dus à leur importante charge de travail, ce sont les femmes qui travaillent plus de 55 heures par semaine et/ou qui travaillent le week-end qui semblent les plus touchées, constatent les auteurs de l’étude. Elles présentent ainsi bien plus de symptômes dépressifs que les femmes effectuant des heures de travail normal.
Comment l’expliquer ? Pour les auteurs de l’étude, cela pourrait être dû au fait que les femmes sont davantage susceptibles de faire des heures supplémentaires dans des professions à prédominance masculine, tandis que celles qui travaillent le week-end tendent à être concentrées dans des emplois peu rémunérés du secteur des services. "De tels emplois, combinés à des interactions fréquentes ou complexes avec le public ou les clients, ont été associés à des niveaux plus élevés de dépression", écrivent-ils.
"Nos constatations des symptômes plus dépressifs chez les femmes qui travaillent de très longues heures et qui pourraient aussi s'expliquer par le double fardeau que les femmes peuvent subir lorsqu'on ajoute leurs longues heures de travail rémunéré à leur temps de travail domestique", poursuivent les auteurs. Et d'ajouter : "Des études antérieures ont montré qu'une fois les tâches ménagères et les soins non rémunérés pris en compte, les femmes travaillent en moyenne plus longtemps que les hommes, ce qui est lié à une mauvaise santé physique".
Les chercheurs précisent qu’il s’agit d’une étude observationnelle et qu’en tant que telle, elle ne peut établir la cause de la dépression. Ils concluent tout de même que ces résultats "devraient encourager les employeurs et les décideurs à envisager des interventions visant à réduire le fardeau des femmes sans restreindre leur pleine participation au marché du travail et à améliorer leurs conditions de travail psychosociales."