Une vaste étude - la plus grande qui soit sur le sujet - a conclu qu'il n’existe aucun lien entre vaccins et autisme, y compris chez les enfants qui courent un risque plus élevé de développer ce trouble. Publiée dans The Annals of Internal Medicine, la méta-analyse a été réalisée auprès de 657 461 enfants nés au Danemark entre 1999 et 2000, suivis jusqu'en août 2013.
Les épidémiologistes et statisticiens du Statens Serum Institut de Copenhague ont utilisé les registres de population pour établir un lien entre l'information sur l'état vaccinal et les diagnostics de trouble du spectre de l'autisme, en étudiant les antécédents d'autisme.
Les scientifiques ont également pris d'autres facteurs de risque en considération, notamment l'âge des parents, le diagnostic d'autisme chez un frère ou une sœur, les naissances prématurées et le faible poids à la naissance.
Autisme et vaccin : un mythe tenace
Les résultats montrent que le vaccin n'augmente pas le risque d'autisme, ce qui donne une nouvelle certitude statistique à ce qui constituait déjà un consensus médical. Les chercheurs et chercheuses soulignent qu'aucun risque accru d'autisme après la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) n'a été observé de façon constante chez les groupes d'enfants étudiés.
Ces recherches ont été réalisées afin de briser le mythe tenace selon lequel se faire vacciner contre la rougeole, la rubéole ou les oreillons accroît les risques d'autisme En 1998, le médecin britannique Andrew Wakefield a publié une étude dans la revue The Lancet portant sur 12 enfants qui reliait le vaccin ROR à l'autisme.
Ses confrères et consoeurs n'ont pas corroboré les résultats et il s'est avéré par la suite que le médecin avait falsifié ces données, perdant du même coup son droit d'exercer.
Deux fois plus de cas de rougeole en 2018 dans le monde
Une autre étude réalisée en 2017 a établi un lien entre aluminium dans les vaccins et autisme. Cette étude a été retirée après que les scientifiques ont remarqué que les images avaient été manipulées. L'un des coauteurs a affirmé que les chiffres dans le document avaient été délibérément modifiés avant la publication.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le nombre de cas de rougeole a augmenté d'environ 50% dans le monde entre 2017 et 2018, faisant 136.000 morts. Si "la principale raison" de l'échec dans la vaccination des enfants reste le manque d’accès au soins chez les populations les plus vulnérables, l’OMS répertorie toutefois "l'hésitation à l'égard du vaccin" comme l’une des dix principales menaces pour la santé mondiale "les plus pressantes" en 2019.
Début mars, l'Unicef s'est également alarmée du retour de la rougeole dans 98 pays qui ont signalé un plus grand nombre de cas en 2018 qu'en 2017, bien qu'il existe un vaccin "efficace" et "peu coûteux". La recrudescence des cas de rougeole dans le monde entrave les progrès accomplis pour enrayer cette maladie, notent les auteurs de ce rapport.
"C’est un appel au réveil, a déclaré Henrietta Fore, directrice générale de l’Unicef. Nous disposons d’un vaccin sûr, contre une maladie très contagieuse – un vaccin qui a sauvé près d’un million de vies chaque année au cours des deux dernières décennies".