Lorsqu'on est fatigué de sa semaine ou qu'il pleut des cordes, on est tenté de proposer à son enfant de regarder un film ou un dessin-animé. Mais le nombre d’heures passées devant le petit écran entraîne des conséquences néfastes à long terme sur le développement de l’enfant, notamment au cours des premières années de sa vie, alerte une récente étude canadienne publiée fin décembre dans la revue Pediatric Research.
D’après Linda Pagani, professeure à l'École de psychoéducation à l’Université de Montréal et auteure principale de l’étude, quand l’attention des enfants est détournée par l'écran "les risques de ne pas avoir suffisamment d'interactions physiques et sociales pour promouvoir un développement physique et socio-émotionnel adéquat sont plus grands".
Coordonnée par l'Institut de la statistique du Québec, l’étude a suivi de manière longitudinale une cohorte de 1 859 enfants québécois nés entre le printemps 1997 et le printemps 1998 afin d'examiner s'il y avait un lien entre le fait d'avoir un téléviseur dans la chambre à coucher à l'âge de 4 ans et les problèmes physiques, mentaux et sociaux rencontrés plus tard lors de l’entrée dans l’adolescence.
"Nous avons éliminé toute condition préexistante chez les enfants ou les familles qui pourrait biaiser nos résultats", explique la Pre Pagani.
Masse corporelle plus élevée et moins d'interactions sociales
L’équipe qui a dirigé l’étude a procédé à différentes méthodes pour évaluer l’état psychique, physique et social des enfants, suivis jusqu’à l’âge de 13 ans : mesure de l’indice de masse corporelle des enfants, questionnaire sur la qualité de leur alimentation, penchant pour la malbouffe, degrés d'interaction sociale à l'école, niveau émotionnel etc. "Toutes ces mesures sont de bons indicateurs de la santé physique et mentale ultérieure à l'âge adulte", souligne Linda Pagani.
Les résultats de l'étude montrent que le fait d'avoir un téléviseur dans la chambre à coucher à l'âge de 4 ans est susceptible d’augmenter l’indice de masse corporelle, de favoriser les habitudes alimentaires dites "malsaines", et entraîne des niveaux plus faibles de sociabilité et des états de détresse émotionnelle, voire des symptômes dépressifs.
Ces risques s’accroissent lorsque le poste de télévision est situé dans la chambre à coucher. "Le fait d'avoir un accès privé à un écran dans la chambre à coucher pendant les années préscolaires n'est pas de bon augure pour la santé à long terme. Les enfants de notre étude sont nés à une époque où la télévision était le seul écran dans la chambre. Étant donné la mobilité des appareils numériques et le passage constant d'un appareil à l'autre aujourd'hui, notre recherche soutient une position forte pour des directives parentales sur la disponibilité et l'accessibilité des téléviseurs et autres appareils", conclut-elle.