Alors que la France et les Etats-Unis font face à de plus en plus d’overdoses d’opioïdes, le gouvernement Trump a publié de nouvelles recommandations pour les professionnels de santé afin de corriger le tir. Problème : les malades qui souffrent de douleurs chroniques sévères se voient privés de leurs médicaments, les assureurs s’appuyant sur ces directives pour ne plus les rembourser.
"Des réductions draconiennes et souvent rapides de leur dose de médicament"
Plus de 300 experts médicaux affirment que l’administration Trump nuit ainsi à ce petit nombre de patients vulnérables, dont le retour des douleurs et la dégradation de la qualité de vie poussent certains jusqu’au suicide. "De nombreux médecins et organismes de réglementation croient à tort qu’un seuil limite de prescription journalière a été établi. Les cliniciens prescrivant des doses plus élevées, les pharmaciens qui les vendent et les patients qui les prennent sont devenus suspects", dénoncent-ils dans une lettre ouverte.
"Les patients souffrant de douleur chronique, qui sont stables et prennent des opioïdes depuis longtemps, font face à des réductions draconiennes et souvent rapides de leur dose de médicament, sans qu’aucune alternative ne leur soit proposée. D'autres sont poussés à suivre des programmes de désintoxication, ou à subir des interventions invasives (comme des injections vertébrales), qu'elles soient appropriées sur le plan clinique ou non", poursuivent les signataires.
Au moins 4 décès par semaine
Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150% en France (l’oxycodone marque l’augmentation la plus importante). Résultat : le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167% entre 2000 et 2017, passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146% entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine. Un problème venu tout droit des Etats-Unis, où 64 000 Américains sont morts en 2017 par overdose d’opiacés, ce qui en fait l'une des causes principales de la diminution de l’espérance de vie depuis quelques années.
"Il y a un certain nombre de signaux qui nous incitent à être très vigilants", note Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et stupéfiants à l’Agence du médicament (ANSM). "La situation n’est toutefois sans aucune commune mesure avec la catastrophe sanitaire que connaissent les États-Unis et le Canada, car la France dispose de meilleurs garde-fous pour encadrer la prescription de ce type de médicaments", ajoute-t-elle. En juillet dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a retiré de la vente libre les médicaments à base de codéine, suite à la mort de deux adolescents par overdose.