On sait qu’il est essentiel de dormir régulièrement pour se maintenir en bonne santé. Selon plusieurs études, six à huit heures de sommeil serait le temps idéal chez les adultes. La littérature scientifique a démontré qu’un apport suffisant de sommeil permet de se prémunir contre les maladies cardio-vasculaires, stimule le système immunitaire et protége contre les maladies métaboliques comme le diabète.
Une nouvelle étude menée par des scientifiques de l'Université Bar-Ilan de Ramat-Gan (Israël) a mis au jour un facteur clé qui pourrait être au centre du caractère indispensable du sommeil : son effet réparateur sur les cellules individuelles du cerveau.
Dirigées par le professeur Lior Appelbaum, les recherches ont été publiées dans la revue Nature Communications. Les travaux ont porté sur le poisson-zèbre, une espèce que les scientifiques utilisent souvent en recherche car il s’avère étonnamment similaire aux humains. En effet, environ 70 % des gènes humains se retrouvent également dans ce poisson d'eau douce.
Le cerveau récupère du stress emmagasiné la journée
À l'aide de l'imagerie 3D à intervalles réguliers, l'équipe du Pr Appelbaum a examiné comment le sommeil pouvait affecter les cellules du cerveau. Leurs observations ont révélé que pendant le sommeil, les neurones étaient capables d'effectuer des travaux de maintenance sur le noyau, l'élément central de chaque cellule qui renferme la plupart de son matériel génétique.
Lorsque le noyau commence à se détériorer, l'information génétique qu'il contient est également endommagée, ce qui peut entraîner le vieillissement, des maladie et un mauvais fonctionnement général dans un organe ou un tissu. Or, c’est justement pendant le sommeil que les neurones ont la possibilité de récupérer du stress qu'ils ont accumulé pendant la journée et de "réparer" les dommages qu'ils ont pu subir.
Au cours de la phase d’éveil, les niveaux de dynamique chromosomique sont plus faibles que pendant le sommeil, ce qui explique pourquoi les cellules du cerveau sont incapables d'effectuer un bon entretien de l'ADN. Le professeur Applebaum compare cette situation à celle de "nids de poule sur la route". "Les routes accumulent les nids de poule, surtout pendant les heures de pointe la journée, et il est plus pratique et efficace de les réparer la nuit, lorsqu'il y a peu de circulation", explique-t-il.
Un rempart contre les maladies neurodégénératives ?
Les scientifiques qui se sont interrogés sur les raisons qui poussaient les animaux à dormir, en particulier les prédateurs ou animaux sauvages dont l’environnement implique de rester alerter pour assurer leur survie. Ils en déduisent que la réparation des cellules pourrait être une cause probable.
Les scientifiques supputent également qu'il est possible que le manque de sommeil avec le temps puisse nuire au cerveau à long terme et favoriser les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson.
Bien que le lien entre le manque de sommeil et les maladies neurodégénératives ne soit encore qu'une suggestion, le Pr Appelbaum et son équipe souhaitent explorer cette piste en observant le sommeil des mammifères.