Les médicaments à action prolongée sont tout aussi efficaces que les trois comprimés quotidiens pour maintenir la suppression virale du VIH-1. Voilà les résultats de deux recherches jumelles consacrés au traitement du SIDA, présentés le 7 mars lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes à Seattle, dans l'État de Washington, et repris par le Nature International journal of science. Pour ces recherches, plus de 1 000 personnes de 16 pays ont participé. Les chercheurs affirment que les médicaments à action prolongée pourraient permettre à la grande majorité des personnes sous prescription d'antirétroviraux de supprimer efficacement la charge virale du virus.
Une combinaison du cabotégravir et de la rilpivirine
Les injections antirétrovirales testées dans les essais incluent un mélange de cabotégravir et de rilpivirine. Les médicaments restent dans les tissus et se dissolvent au fil des semaines. La combinaison a été développée par ViiV Healthcare, une société pharmaceutique londonienne issue des géants pharmaceutiques GlaxoSmithKline et Pfizer.
Les essais cliniques se sont fait en deux parties simultanées. L'un des essais a comparé les niveaux de virus dans les échantillons de sang de 556 personnes séropositives n'ayant jamais pris de médicaments antirétroviraux avant l’étude. Pendant 11 mois, les participants ont pris soit des injections mensuelles, soit des doses quotidiennes de trois pilules antirétrovirales courantes. L’autre essai a recruté 616 personnes qui prenaient la combinaison standard de pilules antirétrovirales depuis au moins six mois avant le début de l’étude. Ils ont eu aussi bénéficié soit des injestions mensuelles, soit des trois pilules quotidiennes. Au final, non seulement les injections ont permis de maîtriser le VIH aussi efficacement que les pilules dans les deux études, mais dans chaque étude, plus de 85% des participants ont déclaré préférer le schéma mensuel.
Une avancée dans la lutte contre le SIDA
Les chercheurs espèrent que ce médicament permettra de relever l'un des défis les plus difficiles de la lutte contre le VIH : faire disparaître toute trace du virus chez les patients qui prennent leur traitement. Aujourd’hui encore, les pilules oubliées mettent les personnes séropositives et leurs partenaires sexuels à risque. Or, cette méthode pourrait empêcher ces oublis en simplifiant la vie de ces personnes : pour Chloe Orkin, chercheuse sur le VIH à l'Université Queen Mary de Londres, qui a présenté le projet : "Au lieu de vous rappeler que vous avez le VIH 365 jours par an, il est ramené à 12 jours seulement", dit-elle. "Cela donne aux patients une sorte de liberté."