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Démographie française

L'espérance de vie des Français augmente moins vite à cause de la grippe et des cancers

Par Johanna Hébert

Bien que les Français vivent toujours de plus en plus longtemps, l’espérance de vie n’a augmenté que de 0,1 an à la naissance entre 2017 et 2018. En cause : les cancers et les grippes saisonnières.

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Au 18ème siècle, l’espérance de vie des Français était de 30 ans. Aujourd’hui, elle s’établit autour de 80 ans. Si la progression est très importante, elle est de nos jours beaucoup moins rapide, selon l’Institut national des Études démographiques (Ined), qui publie une étude dans Populations et Sociétés basée sur les chiffres de l’Insee.

Depuis cinq ans elle ne progresse que d’un mois et demi par an pour les hommes, et d’un mois seulement pour les femmes. Entre 2017 et 2018, l’espérance de vie à la naissance n’a augmenté que de 0,1 an pour les femmes (85,4 ans) et les hommes (79,5 ans).

La grippe tue 20 000 personnes chaque année

La première cause de ce ralentissement de la hausse de l’espérance de vie est la grippe. En effet, depuis trois ans, nous vivons des hivers particulièrement meurtriers. Chaque année, environ 20 000 personnes âgées périssent de la maladie. Actuellement, le pic d’épidémie a été atteint dans toutes les régions de France métropolitaine, selon le bulletin hebdomadaire de Santé Publique France publié le 27 février dernier. Environ 4 100 décès sont déjà imputables aux virus de la grippe qui circulent. Selon Gilles Pison, auteur de l’étude et chercheur associé à l’Ined, quand les épidémies de grippe saisonnière "sont meurtrières comme celles des dernières années, elles réduisent l’espérance de vie à la naissance de 0,1 à 0,3 an".

Les femmes, le cancer et le tabac

De plus, la lutte contre le cancer ne semble pas avoir l’effet escompté sur l’espérance de vie des Français. Les retombées sont même plus "spectaculaires" concernant la lutte contre les maladies cardiovasculaires menée depuis les années 70. Le taux de mortalité par cancer chez les femmes stagne depuis quelques années, alors qu’il baisse continuellement chez les hommes. "L’une des raisons est la montée du tabagisme dans les années 1950 à 1980 dans les générations de femmes ayant 50 ans ou plus aujourd’hui. Elles en subissent les conséquences quelques décennies plus tard sous forme de montée de cancers liés au tabac", avance Gilles Pison.

À noter qu’il n’y a pas qu’en France que la hausse de l’espérance de vie progresse moins vite qu’avant. Cette tendance s’observe en réalité dans les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest, toujours selon l’Ined. Gilles Pison estime qu’il faut désormais s’engager dans "de nouveaux terrains de lutte comme les maladies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, de Parkinson, etc.) et des innovations médicales et sociales".

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