Chaque année dans le monde, 350 millions de personnes contractent l’hépatite B. Près d’un million d’entre elles ne survivent pas à cette infection virale aiguë du foie, qui peut devenir chronique et augmenter le risque de cirrhose ou de carcinome hépatocellulaire.
Alors qu’en France, la vaccination contre l’hépatite B n’est obligatoire que depuis le 1er janvier 2018, une région d’Espagne, la Catalogne l’a rendue systématique depuis 1991 chez les préadolescents.
Une nouvelle étude, menée par l’Université de Barcelone (UB), et publiée dans la revue Vaccine, montre aujourd’hui l’utilité de ce programme. Selon ses auteurs, la systématisation du vaccin anti-hépatite B chez les préadolescents a entraîné une baisse de 52% du taux d’incidence de la maladie en Catalogne.
Un programme efficace à 99,3%
Les auteurs de l’étude ont analysé l'efficacité et l'impact du programme de vaccination mis en place en Catalogne en 1991. Les résultats montrent qu'après l'introduction de la vaccination systématique, le taux d'incidence dans la population générale est passé de 2,5 pour 100 000 habitants en 1991 à 1,2 pour 100 000 habitants en 2014.
Avant l’introduction de la vaccination obligatoire chez les préadolescents, seuls les groupes à risque étaient vaccinés, "comme ceux qui travaillent dans le secteur de la santé ou les patients hémophiles et hémodialytiques. Cependant, ce type de vaccination n’a pas suffi à réduire l’incidence", notent-ils.
Pour étudier l’efficacité du programme de vaccination contre l’hépatite B, les chercheurs ont étudié des cohortes rétrospectivement vaccinées et non vaccinées, choisies en fonction de leur année de naissance. Ils ont aussi étudié des cas d'hépatite B entre 2000 et 2014 enregistrés par la sous-direction générale de la surveillance épidémiologique et des interventions d'urgence en santé publique de l'Agence de santé publique de Catalogne. Au cours de cette période, ils ont signalé environ 388 cas d'infection à l'hépatite B, 232 dans la cohorte non vaccinée et 156 dans la cohorte vaccinée.
Le taux d'incidence était de 4,1 pour 100 000 personnes par an dans le groupe non vacciné et de 0,03 pour 100 000 personnes par an dans le groupe vacciné. Par conséquent, l'efficacité du programme était de 99,30 % et l'avantage connexe pour estimer la fraction évitée était de 64,56 %. Selon les chercheurs, ces résultats montrent que "l'efficacité et l'impact du programme de vaccination contre l'hépatite B chez les préadolescents sont élevés et profitent à la communauté ".
Cette vaccination systématique des préadolescents vivant en Catalogne a finalement été suspendue en juillet 2014, lorsque les premiers enfants vaccinés dans leur enfance (c’est-à-dire vaccinés en 2002, à l'âge d'un an) ont atteint l'adolescence et n'ont donc plus eu besoin du vaccin.
En France, la méfiance prime toujours
En France, le vaccin contre l’hépatite B est au cœur d’un débat sur son bénéfice et ses risques depuis plus de 10 ans. Depuis les années 90, il est en effet soupçonné de favoriser le développement de la sclérose en plaques chez les personnes vaccinées.
Depuis, plusieurs études menées notamment en France ont démontré qu’il n’existe pas de véritables preuves scientifiques d’une relation de cause à effets entre le vaccin et le développement de la sclérose en plaques. En février 2001, deux recherches publiées dans le New England Journal of Medicine disculpaient ainsi le vaccin de l'hépatite B.
Toutefois, la défiance des Français vis-à-vis du vaccin persiste. Selon un Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) datant de 2015, 15% des parents sont toujours méfiants vis-à-vis du vaccin. Toutefois, la couverture vaccinale est jugée satisfaisante en France, avec 92 % des enfants âgés nés en 2014 vaccinés contre le virus de l’hépatite B, et 45% des adolescents.