Un arrêt cardiaque soudain est à l’origine de près de la moitié des décès cardiaques en Europe et d’un décès naturel sur cinq. Un arrêt est qualifié de soudain quand le cœur cesse de pomper après une arythmie cardiaque, une fibrillation ventriculaire ou une tachycardie. Cela peut entraîner la mort en quelques minutes s'il n’y a pas de prise en charge. Une étude de l’ESC, appelée projet ESCAPE-NET, a cherché à savoir si deux molécules, la nifédipine et l'amlodipine (des dihydropyridines largement utilisées comme anti-hypertenseurs et anti-angineux), étaient liées à des arrêts cardiaques.
Une étude de grande ampleur
Après cette longue étude, menée sur presque 9 000 patients au total, l’ESC a remis en cause un médicament, contenant de la nfifédipine et de l’amlodipine. L'analyse a été réalisée à l'aide des données du registre néerlandais des études de réanimation à Amsterdam (entre 2005 et 2011) et du registre danois des arrêts cardiaques (entre 2001-2014), qui font tous deux partie d'ESCAPE-NET. Les patients présentant un arrêt cardiaque hors de l'hôpital en raison d'une fibrillation ventriculaire ou d’une tachycardie ont été inclus, plus jusqu'à cinq témoins par patient apparié pour l'âge et le sexe.
La nifédipine à forte dose plus à risque que l’amlodipine
L'utilisation de la nifédipine à la dose élevée (environ 60 mg par jour), mais non à faible dose (moins de 60 mg par jour), a été associée de manière significative à un risque accru d'arrêt cardiaque en dehors de l'hôpital par rapport à la non utilisation de dihydropyridines. La nifédipine à forte dose était également associée à un risque accru d’arrêt cardiaque par rapport à une dose quelconque d’amlodipine, qui, elle, n'était associée à aucun risque.
Le Dr Hanno Tan, chef de projet ESCAPE-NET et cardiologue au Academic Medical Center d’Amsterdam (Pays-Bas), recommande néanmoins la prudence lors de l’interprétation de ces résultats : "les résultats doivent être reproduits dans d'autres études avant que les médecins ou les patients ne prennent des mesures", déclare-t-il. "Cette étude suggère qu'une dose élevée de nifédipine peut augmenter le risque d'arrêt cardiaque soudain dû à une arythmie cardiaque fatale, contrairement à l'amlodipine. Si les conclusions sont confirmées par d'autres études, il faudra peut-être en tenir compte pour envisager l'utilisation de l'un ou l'autre médicament. "