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Médicaments mal conditionnés

Furosémide : les point clés d'une affaire inédite

Par la rédaction

De nouveaux cas suspects, une enquête en cours, l'affaire du diurétique Furosémide enfle depuis quatre jours. L'erreur de conditionnement dans le laboratoire n'est toujours pas expliquée.

20 MINUTES/SIPA

L'Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) poursuit ce mardi 11 juin, son inspection sur le site du laboratoire Teva à Sens (Yonne) pour trouver l'origine de l'erreur de conditionnement qui a abouti à ce qu'un somnifère remplace, dans l'emballage, un diurétique, le Furosémide. Cet accident ou acte de malveillance pourrait avoir causé la mort de plusieurs personnes. D'après tous les experts, ce drame sanitaire est sans précédent. pourquoidocteur revient sur les point clés de l'affaire.

 

Le point de départ de l'affaire 

C'est l'alerte donnée le vendredi 7 juin par un pharmacien, surpris de constater « des effets de somnolence inhabituels » chez l'une de ses clientes qui suivait son traitement chronique du diurétique Furosémide. Il s'agissait d'une patiente domiciliée en Ille-et-Vilaine chez qui deux comprimés de zopiclone, un somnifère, ont été retrouvés dans l'une des boîtes de Furosémide qu'elle avait achetées. Dès le lendemain, le samedi 8 juin,  le décès d'un nonagénaire , traité par Furosémide, est signalé à Marseille. L'affaire s'emballe.


Les signalements affluent de toutes parts

Et désormais les signalements se multiplient. Trois nouveaux cas suspects, dont un décès, en relation avec l’erreur de conditionnement du diurétique Furosémide Teva, ont été signalés à ce jour à l’Agence du médicament. Dans l’un des nouveaux cas suspects, le patient semble avoir été traité par le produit incriminé, retiré de la vente vendredi (lots Y175 ou Y176).
Par ailleurs, une autre patiente de 73 ans a été hospitalisée en réanimation au CHRU de Tours pour des complications après avoir pris ce même médicament. Aucune information n’a été fournie sur les deux nouveaux cas signalés par l’Ansm, qui reconnaît que les signalements affluent de toutes parts, mais que le lien avec le diurétique n’est pas toujours « suffisamment documenté ».


La centralisation des enquêtes

Le parquet de Privas (Ardèche) et son procureur de la République, M. Dominique Sénéchal, ont annoncé lundi 10 juin avoir ouvert une enquête après le décès le 4 juin dans un hôpital drômois d'une octogénaire qui, selon ses proches, aurait ingéré des comprimés du diurétique. Le procureur a ajouté qu'il se tenait « en liaison avec le parquet de Marseille, qui a le premier cas déclaré de décès et où se trouve le siège du pôle santé régional. L'enquête doit également se faire de manière coordonnée avec les parquets concernés », a-t-il souligné, n'écartant pas une centralisation des enquêtes s'il y a plusieurs cas répartis sur l'ensemble du territoire.

 

Les décisions prises 

L'Ansm a procédé vendredi 7 juin dans la soirée au rappel de deux lots suspects initialement composés de 95.000 boîtes chacun de Furosémide Teva. Puis, lundi après-midi, l'Agence a ordonné le rappel de l'intégralité des lots de ce diurétique présent sur le marché pour éviter toute confusion liée à leur identification.
A ce titre, l'alerte relative au rappel de tous les lots a été reçue par 95,5% des plus de 22 000 officines en moins de 3 heure. L'Ordre des pharmaciens a appelé les officinaux à contacter tous les patients auxquels ils auraient vendu des boîtes du traitement. Enfin, la filiale française de Teva a annoncé mardi dans un communiqué, « la suspension temporaire des expéditions de tous les médicaments conditionnés dans son usine de Sens où l'erreur de conditionnement a eu lieu ».


La réponse du laboratoire

Dans un court communiqué, Erick Roche, président de Teva France, a indiqué qu'il ne pouvait, à cette heure, « communiquer aucun élément sur l'inspection et les conclusions de l'enquête qui se poursuivra demain ». Il a assuré que les responsables du groupe israélien Teva, numéro un mondial de la fabrication de médicaments génériques, étaient « extrêmement mobilisés pour comprendre ce qui s'est passé et qu'ils collaboraient pleinement avec les enquêteurs. Notre première préoccupation est de protéger les patients », a encore déclaré Erick Roche. « Les appels que nous recevons des patients démontrent qu'un certain nombre d'entre eux ont des difficultés à identifier les numéros des lots, par précaution, nous étendons donc le rappel à l'ensemble des lots », conclut le communiqué.


Le numéro vert 

Un numéro vert a été mis en place par les laboratoires Teva pour répondre aux questions des patients : 0800 51 34 11 (disponible 24h/24). Pour rappel, les patients qui se sont vu délivrer du Furosémide doivent se rendre dans leur pharmacie pour se voir délivrer une autre boîte.