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Epidémie

Ebola : plus de 600 décès recensés en République démocratique du Congo

Par Charlotte Arce

Alors que la République démocratique du Congo (RDC) connaît depuis le mois d’août sa dixième épidémie du virus Ebola depuis les années 1970, le pays vient d’enregistrer sa 600e victime. L’OMS juge pourtant la situation "contenue" et espère même éradiquer l’épidémie d’ici six mois.

leoniepow/iStock

Depuis le 1er août dernier, date à laquelle a été déclarée la dixième épidémie d’Ebola au nord-Est de la République démocratique du Congo, le virus a fait 600 victimes. "Depuis le début de l'épidémie, le cumul des cas est de 960, dont 895 confirmés et 65 probables. Au total, il y a eu 603 décès (538 confirmés et 65 probables) et 314 personnes guéries", détaille le ministère dans son bulletin quotidien.

La crainte d’une "flambée" de cas 

Dans la province du Nord-Kivu, où se trouve l’épicentre de l’épidémie d’Ebola en RDC, le nombre de décès ne faiblit pas. Toujours selon le ministère de la Santé, cinq nouveaux décès de cas confirmés ont été rapportés dimanche, et neuf nouveaux cas ont été confirmés. 172 cas suspects sont par ailleurs "en cours d’investigation".

Malgré ces chiffres alarmants, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se veut rassurante et affirme même que l’épidémie est à ce jour "contenue". Selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, il faudra encore six mois pour éradiquer l’épidémie d’Ebola en RDC.

Un optimisme que ne partage pas la docteure Nathalie Roberts. Interrogée par RFI, la responsable des urgences de Médecins sans frontières Paris estime en effet qu’il existe actuellement "un risque de voir une flambée et beaucoup plus de cas". "Notre but est de comprendre quels sont les facteurs de risque et éviter ce qu’on a vu en Afrique de l’Ouest. L’épidémie semblait alors contenue, mais ça a précédé une telle flambée. En RDC, on ne comprend toujours pas pourquoi et comment les gens attrapent Ebola."

Changer d’approche pour une meilleure prise en charge

Parmi les pistes suggérées par la responsable des urgences de MSF, l’absence de centre Ebola. En l’absence d’une telle structure d’accueil, les malades se rendent à l’hôpital le plus proche, ce qui entraîne une augmentation des infections nosocomiales, mais fait aussi perdre un temps précieux aux équipes médicales dans la prise en charge et le traitement des malades. Selon Nathalie Roberts, les malades se rendent en moyenne dans trois centres différents avant d’être accueillis dans un centre Ebola.

Il est donc nécessaire selon elle de "changer d’approche" en intégrant mieux les structures déjà existantes dans le traitement d’Ebola, comme c’est déjà le cas dans des villes comme Lubero. "Il n’y a pas de centre Ebola, nous n’avons que l’hôpital général de référence", explique le docteur Grégoire Tshilongo, de MSF, à RFI. "Tous les malades passent par-là, il n’y a qu’un seul triage. Nous avons une salle d’isolement pour tous les cas suspects. On peut les y garder et faire les prélèvements." Si le test est positif, le patient est alors orienté dans un parcours spécifique Ebola. S’il est négatif, il est traité dans l’hôpital.

Cette nouvelle approche permet de mieux prendre en charge les malades, mais aussi de limiter les infections nosocomiales, assure MSF. De son côté, le gouvernement de RDC poursuit sa campagne de vaccination à destination des populations. "Depuis le 8 août 2018, 89 173 personnes ont été vaccinées", assure le ministère de la Santé, qui précise que "le seul vaccin à être utilisé dans cette épidémie est le vaccin rVSV-ZEBOV, fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck".