ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Asthme et allergies : un lien peu connu, et pourtant...

Journée française de l'allergie

Asthme et allergies : un lien peu connu, et pourtant...

Par Charlotte Arce

À l’occasion de la Journée mondiale de l’allergie, l’association Asthme & Allergie a dévoilé un sondage Ifop dans lequel elle rappelle que les allergies constituent la principale cause de l’asthme : dans 80% des cas chez l’enfant et 50% chez l’adulte. Pourtant, ce lien reste largement méconnu des Français.

catinsyrup/iStock

En France, plus de 4 millions de personnes sont touchées par l’asthme. Pourtant, nombreuses sont celles qui ignorent que cette maladie chronique est d’origine allergique. C’est ce que met en lumière l’association Asthme & Allergie. Pour la 13e Journée française de l’allergie, elle a dévoilé un sondage Ifop sur le lien méconnu entre asthme et allergie.

Menée en ligne du 7 au 13 février dernier auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française, cette étude révèle que seules 39% des personnes interrogées considèrent l’allergie comme pouvant être la cause de l’asthme chez les enfants de 5 à 13 ans. Pourtant, ce chiffre est "en totale contradiction avec la réalité épidémiologique" affirme Asthme & Allergie puisque chez l’enfant, 80% des asthmes sont dus à l’allergie.

Cette proportion atteint 50% chez l’adulte. Pourtant, toujours selon le sondage, seuls 45% des asthmatiques interrogés ont conscience du lien étroit entre asthme et allergies, "preuve que les connaissances en la matière demeurent fragmentaires pour toutes les catégories de la population… y compris pour les premiers concernés", constate l’association.

La gravité de l’asthme sous-estimée ou méconnue

L’asthme est une maladie respiratoire chronique fréquente due à une inflammation de la paroi des bronches en réponse à certains facteurs "endogènes" (propres au malade) ou "exogènes" (allergènes, pollution, virus…).

Cette inflammation des bronche entraîne une "hyper réactivité" de la paroi musculaire avec un gonflement de la paroi interne de la bronche ("œdème bronchique"), une hypersécrétion de mucus (normalement produit en petites quantités) et la contraction des muscles de la paroi bronchique. Ces phénomènes entraînent une gêne pour respirer, une respiration sifflante, un essoufflement ou bien une toux. Au fil du temps, ces symptômes peuvent devenir permanents et entraîner une insuffisance respiratoire.

La majorité des Français semble encore ignorer la gravité de cette maladie : seuls 11% des sondés jugent ainsi que l’asthme peut avoir des conséquences graves, voire mortelles. L’asthme est pourtant responsable de 383 000 décès par an dans le monde et près de 1 000 décès en France. Le coût pour la collectivité est également lourd, avec 230 000 journées d’hospitalisation par an.

Selon le Dr Marc Sapène, médecin pneumologue et président de l’association Asthme & Allergies, "l’origine allergique d’une majorité des asthmes est une réalité médicale méconnue, ce qui induit des problèmes de diagnostic importants puis des choix de traitements pas toujours optimaux. Sur un plan médical, il est impensable en 2019, qu’on ne recherche pas systématiquement l’origine allergique de l’asthme alors que des traitements adaptés permettent de prendre en charge l’allergie et d’améliorer durablement la qualité de vie des patients".

Une errance thérapeutique d’en moyenne 7 ans

Toujours selon les résultats du sondage, 36% des jeunes directement touchés par l’asthme reconnaissent n’avoir jamais consulté de spécialiste pour établir de bilan allergologique de leur pathologie. Soit plus d’un million d’individus.

Pour l’association, cette situation fait écho au diagnostic tardif de l’allergie en France. Il faut ainsi attendre en moyenne sept ans entre l’apparition des premiers symptômes de l’allergie et une consultation chez l’allergologue. "Pendant ces 7 années, une rhinite allergique a, par exemple, beaucoup de risques d’évoluer vers l’asthme. L’errance thérapeutique de l’asthme allergique s’explique aussi par une mauvaise estimation de l’âge à partir duquel l’origine allergique de l’asthme peut être décelée. Alors qu’il est possible d’établir un diagnostic de l’origine allergique de l’asthme dès 3 ans, voire avant : près de 7 Français sur 10 situent cet âge au-delà, voire très au-delà", précise Asthme & Allergie.