Notre flore intestinale, et les bactéries qui la peuplent, joue un rôle important dans notre développement immunitaire. Les scientifiques ont déjà prouvé que l’alimentation de la mère, pendant la grossesse, avait une influence sur le microbiote intestinal du bébé à naître. Une nouvelle étude, menée par des chercheurs français de l’Institut Pasteur et de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médical), démontre qu’après la naissance, la diversification alimentaire du nourrisson avait aussi un rôle important. Elle protègerait contre certaines maladies inflammatoires. Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue Immunity.
Une alimentation diversifiée favorise le développement du microbiote
La diversification alimentaire consiste à introduire des aliments autres que le lait dans le régime du bébé, comme les légumes, les fruits ou encore la viande. À la naissance, le microbiote du nourrisson est majoritairement composé de bifidobacteria et de lactobacilles. Lorsque l’on fait consommer de nouveaux aliments au nourrisson, le nombre de bactéries est multiplié par dix à cent, et son microbiote se développe. Les chercheurs ont mené des essais sur des souris. Ils ont constaté que ce développement s’accompagnait d’une forte réponse immunitaire. "Nous avons pu montrer que ce mécanisme se produisait dans une fenêtre de temps très spécifique : entre 2 et 4 semaines chez la souris ce qui correspondrait à 3 et 6 mois chez l’homme", explique le Pr Gérard Eberl, auteur principal de l’étude.
Les antibiotiques perturbent la flore intestinale
Il ajoute: "nous avons ensuite supposé que l’existence d’une fenêtre de temps déterminé indique que la réponse immunitaire est programmée dans le temps et possède de ce fait une fonction unique dans le développement du système immunitaire". Pour démontrer cette idée, l’équipe de chercheurs a administré des antibiotiques à des souris justement pendant cette "fenêtre de temps déterminé". Les antibiotiques sont déjà connus pour perturber justement le microbiote.
Ces souris se sont révélées être ensuite plus sujettes à certaines maladies inflammatoires, telles que des allergies intestinales, le cancer colorectal et les colites. Autrement dit, lorsque le microbiote intestinal est détruit par les antibiotiques, la réaction immunitaire ne se produit pas. L’Institut Pasteur et l’Inserm comptent valider ces résultats avec d’autres études, et déterminer les bénéfices de la diversification alimentaire sur d’autres maladies, comme des maladies neurodégénératives par exemple.