Chaque année, 2 900 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués en France et 1 100 femmes en meurent chaque année. À l’origine de la plupart des cancers du col de l’utérus : des virus appelés papillomavirus humains (HPV), qui se transmettent au cours de rapports sexuels, avec ou sans pénétration, et plus particulièrement au cours des premières années de la vie sexuelle.
Une plus forte mobilisation des pouvoirs publics
Pourtant, nombre de ces cancers pourraient être évités, affirme aujourd’hui un collectif réunissant cinquante sociétés savantes, dont les Académies de médecine, de chirurgie et de pharmacie, des collèges et syndicats professionnels ou encore des institutions comme la Ligue contre le Cancer et l’agence de l’OMS pour le cancer/CIRC/IARC. Dans un appel lancé mercredi 20 mars, le collectif appelle à une plus forte mobilisation des pouvoirs publics en faveur de la vaccination contre les HPV.
Les signataires de l’appel rappellent notamment "l’urgence" d’élargir la couverture vaccinale des populations, d’organiser un dépistage efficace en généralisant l’utilisation des tests HPV, mais aussi et surtout de "lancer la vaccination universelle et remboursée, sans distinction de sexe ou de risque, pour protéger filles et garçons, réduire les inégalités et participer, avec les autres pays, à l’élimination des cancers HPV induits".
Étendre la vaccination à toutes les filles et tous les garçons
La vaccination contre les HPV est actuellement fortement recommandée pour les jeunes filles âgées de 9 à 14 ans (deux doses de vaccin) avant leur entrée dans la vie sexuelle, ou en rattrapage jusqu’à 19 ans inclus (trois doses), ainsi que pour les hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et les personnes immunodéprimées.
Selon le Dr Monsonego, gynécologue spécialiste des papillomavirus et signataire de l’appel, il est indispensable d’élargir la vaccination contre les HPV à toutes les filles, mais aussi aux garçons. Interrogé par le Figaro, il explique qu’un élargissement de la vaccination permettra non seulement de mieux protéger les filles en limitant la circulation des papillomavirus, mais aussi parce que "les garçons sont concernés, notamment à cause des cancers de l'anus et oropharyngés". Selon le communiqué du collectif, un tiers des cancers liés aux HPV et la moitié des verrues génitales touchent les hommes.
Si comme le Dr Monsonego de nombreux spécialistes s’accordent même sur le nécessaire élargissement de la vaccination à toutes les filles et les garçons à partir de 9 ans, ils doivent faire face à une méfiance de plus en plus grande de l’opinion publique, ce qui occasionne une trop faible couverture vaccinale. Selon la Haute Autorité de santé, moins de 20% de la population cible est à ce jour vaccinée contre les HPV alors que le Plan Cancer 2014-2019 avait fixé un objectif de 60%.
Les HPV, responsables de 6 300 cancers par an
Chaque année en France, les papillomavirus humains sont à l’origine de 6 300 cancers. Outre les cancers du col de l’utérus, les HPV sont responsables de cancers du vagin, de la vulve, du pénis, de l’anus et de cancers ORL comme les tumeurs au pharynx. Ils sont aussi responsables de 30 000 lésions précancéreuses qui peuvent, rappelle le collectif, induire un risque accru d’accouchement prématuré ou de fausse couche, mais aussi de 100 000 verrues génitales, qui ont un impact direct sur la vie sexuelle ou affective.
Selon le collectif, les vaccins anti-HPV permettent d'éviter presque 100% de ces verrues, et de 60 à 90% des lésions précancéreuses. Il existe à l’heure actuelle trois vaccins anti-HPV disponibles sur le marché français. Le dernier à avoir été mis en circulation, le Gardasil 9, protège contre 9 souches responsables de cette maladie sexuellement transmissible, contre 4 pour l’ancienne version du Gardasil.