Voilà une naissance qui a eu lieu dans des circonstances pour le moins dramatiques. En Colombie, le mois dernier, une femme de 33 ans a accouché d’un enfant qui a ensuite dû être opéré pour qu’on lui retire le foetus qu’il avait dans l’abdomen. Si ce phénomène appelé celui du "jumeau parasite" est rare, il n’est pas sans précédent.
Sept mois après le commencement de sa grossesse, Monica Vega rencontre le Dr. Miguel Parra-Saavedra, spécialiste des grossesses à hauts risques à Baranquilla, sur les conseils de son médecin. Ce dernier craint un kyste dans le foie du foetus. A tort. Grâce à une échographie en 3D/4D, Miguel Parra-Saavedra ne tarde pas à comprendre que l’espace rempli de liquide contient en fait un minuscule nourrisson, soutenu par un cordon ombilical séparé prélevant du sang à l’intestin du plus grand jumeau. Aussi appelée "fœtus in foetu", cette malformation est en fait due à un foetus qui se développe à l’intérieur d’un autre lorsqu’il est absorbé par son jumeau.
Après avoir prévenu la principale intéressée qui peine à se remettre du choc, le spécialiste contacte une chaîne de télévision locale qui se met alors à suivre Monica. Le 22 février, alors que cette dernière en est à 37 semaines, les médecins décident de déclencher l’accouchement par césarienne de peur que le jumeau "interne" n’écrase les organes du jumeau sain. Naît Itzamara, 3 kilos. Le lendemain, les médecins l’opèrent afin d’enlever son jumeau par chirurgie laparaoscopique (technique chirurgicale minimalement invasive où le chirurgien réalise une opération de l'abdomen par de petites incisions).
Fœtus de la taille d’une noix sans aucune chance de survie
Si cette opération est extrêmement risquée, elle se déroule bien et la petite survit. "Elle a une petite cicatrice sur son abdomen mais c’est un bébé normal maintenant. A l’exception faite que le monde entier parle d’elle", explique le Docteur Miguel Parra-Saavedra cité par le New York Times.
En revanche, le foetus, de la taille d'une noix, avait un cordon ombilical, deux bras, deux jambes, une tête minuscule mais n'avait ni cœur ni cerveau. Il n’avait donc aucune chance de survie comme le montre l'émission colombienne "Los Informantes" (en espagnol).
Il arrive qu’un fœtus à l’intérieur d’un bébé soit parfois diagnostiqué comme un tératome, un type de tumeur qui peut contenir des os, des muscles et des cheveux. Mais si un examen ADN a lieu à l’heure actuelle, le Dr Parra-Saavedra est certain qu’il s’agissait ici d’un jumeau identique venant du même ovule. Cette condition extrêmement rare est appelée jumeau hétéropagus ou parasite.
Une pathologie qui concerne 1 cas sur 500 000 naissances
Elle se développe environ 17 jours après la gestation "lorsque l'embryon s'aplatit comme un disque, puis se replie sur lui-même pour former le fœtus allongé. Les médecins pensent que, dans des cas extrêmement rares, les embryons jumeaux ne se divisent que partiellement et le plus gros s'enroule autour du plus petit", explique le New York Times.
Aussi étonnante soit-elle, cette histoire n’est pas isolée. Dans le monde, 200 cas de cette malformation congénitale ont déjà été relatés par la presse. Par ailleurs, selon une étude hongkongaise, elle concernerait 1 cas sur 500 000 naissances. La première fois qu’on a entendu parler de cette pathologie, c’est dans les années 1800 par un journal médical britannique. D’après le journaliste et médecin Marc Gozlan, la terminologie de "fœtus in fœtu" a été utilisée "pour la première fois en 1800, puis définie en 1953 comme une masse contenant un axe vertébral associé le plus souvent à d'autres organes".
En 2010, selon des faits relatés par le Hong Kong Medical Journal, une fillette chinoise serait même née avec deux embryons dans l’abdomen. Il s’agissait là de triplés parasites. Jusqu’à aujourd’hui, le dernier cas de "fœtus in fœtu" avait été rapporté il y a quelques mois: en Inde, un bébé est né avec dans le ventre un fœtus de 7cm qui possédait déjà des jambes, des bras et un cerveau. Par chance, on a pu le lui retirer dès la naissance, comme pour la petite Itzmara. En effet, cela n’est pas malheureusement pas toujours possible…
Voir ci-dessous Los Informantes (en espagnol):