Afin de lutter contre les déserts médicaux, patients et professionnels de santé sont loin de partager les mêmes idées. C’est ce que met en lumière un sondage Odoxa pour le Groupe Profession Santé dévoilé lundi.
Alors que l’Assemblée nationale est en plein examen du projet de loi Santé, censé apporter des réponses concrètes à l’épineux problème de la désertification médicale de certaines régions, cette enquête réalisée en février et mars pointe les divergences d’opinion autour de la question d’accès aux soins entre Français et professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, sages-femmes, cadres de santé…).
Une épineuse réponse aux déserts médicaux
Ainsi, si 82% des patients interrogés souhaitent que les pouvoirs publics interviennent afin de réguler la répartition des médecins libéraux sur le territoire, la mesure est loin d’être populaire chez les praticiens : 65% d’entre eux y sont opposés.
Leurs opinions divergent aussi concernant les structures médicales locales (hôpitaux, cliniques…). Tandis que 48% des Français se prononcent en faveur d’un maintien de "toutes les structures (y compris celles ayant une faible activité) mais sans en créer de nouvelles", seuls 28% des professionnels de santé approuvent la mesure. Pas question non plus pour les Français de fermer ou de reconvertir les structures ayant une activité insuffisante, alors que 37% des professionnels de santé se prononcent pour.
Quant à l’ouverture de "nouvelles structures de proximité" comme les maisons de santé, elles ne semblent convaincre ni les Français (35% seulement y sont favorables), ni les professionnels de santé (32% se prononcent pour).
Le sondage a aussi porté sur le projet de loi santé d'Agnès Buzyn. Les mesures qu’il propose sont loin de faire l’unanimité du côté des professionnels de santé : 54% d’entre eux se disent ainsi "opposés" à la création prévue de 4 000 postes d’assistants médicaux. Ils sont en revanche 64% à se prononcer en faveur de la labellisation de 500 hôpitaux de proximité et 67% à saluer la fin du numerus clausus pour les étudiants en médecine.
Pas assez de place pour la santé dans le grand débat national
Concernant les issues du grand débat national, Français et professionnels de santé ne sont guère optimistes. Respectivement 70% de 55% d’entre eux pensent que cela ne débouchera pas sur "des mesures utiles pour le pays". En outre, un Français sur deux (51%) et huit professionnels de santé sur dix (82%) considèrent qu'une place "insuffisante" a été accordée à la santé lors de ce débat.
La santé est pourtant une préoccupation majeure des Français : ils sont un sur deux (51%) à estimer qu’il faut à la fois consacrer plus d’argent pour la santé et en même temps faire la chasse aux actes et dépenses inutiles). 52% des professionnels de santé les rejoignent. Enfin, concernant les frais de santé, 45% des Français considèrent que "l'Assurance maladie devrait rembourser davantage". Un nouveau désaccord avec les professionnels de santé : ces derniers sont 53% à penser que l’Assurance maladie "devrait être plus sélective dans les soins qu’elle rembourse".