Promise et espérée depuis des années, la pilule contraceptive pour homme est-elle sur le point de voir le jour ? C’est ce qu’ont laissé espérer des chercheurs du Los Angeles Biomedical Research Institute et du Harbour UCLA Medical Center, qui ont présenté des résultats prometteurs lors du congrès de la société américaine d’endocrinologie, ENDO 2019. Leurs travaux ont aussi été publiés dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism.
Une baisse de la production de sperme
Pour le moment baptisée "11-beta-MNTDC", cette pilule contraceptive masculine a passé avec succès la phase 1 de l’étude portant sur son innocuité et sa tolérance. Elle contient une forme modifiée de testostérone qui combine l'action de l'androgène et de la progestérone. La progestérone bloque la production des hormones appelées LH et FSH nécessaires à la production de testostérone et de sperme dans les testicules, tandis que l'androgène - une hormone masculine - aide à neutraliser les baisses de testostérone.
"Nos résultats suggèrent que cette pilule, qui combine deux activités hormonales en une, diminuera la production de sperme tout en préservant la libido", explique Christina Wang, du Los Angeles Biomedical Research Institute et du Harbour UCLA Medical Center.
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe scientifique a mené son étude de phase 1 auprès de 40 volontaires en bonne santé sur une période de 28 jours. 30 hommes ont reçu une dose orale quotidienne de 11-beta-MNTDC : 200 mg pour 14 des volontairess et 400 mg pour les 16 autres. Les 10 autres hommes ont pris un placebo.
Diminution des niveaux de testostérone
Les résultats ont été immédiats : au bout de 24 heures, les chercheurs ont constaté une diminution des niveaux de testostérone dans les deux groupes d’hommes recevant le traitement. Aucun effet secondaire important, et notamment de dysfonction érectile, n’a été constaté.
Les auteurs précisent que la durée d'observation de 28 jours est trop faible pour observer une baisse effective de la production de spermatozoïdes, qui intervient normalement au bout de 60 à 90 jours de faible niveau d'hormone androgénique. Ils ont toutefois noté que ces changements hormonaux et la baisse de production de sperme faisait de ce nouveau traitement une contraception efficace.
Pas de baisse de libido ni de dysfonction érectile
Aucun effet secondaire grave n'a été signalé non plus, bien que quelques participants aient signalé une légère fatigue, de l'acné ou des maux de tête. Cinq hommes ont également signalé une diminution légère leur libido et deux hommes ont décrit une dysfonction érectile légère. Toutefois, cela ne semble pas affecter l'activité sexuelle, affirment les chercheurs.
"L'objectif est de trouver le composé qui présente le moins d'effets secondaires et qui soit le plus efficace", affirme Stephanie Page, professeure à la faculté de médecine de l’Université de Washington. "Nous développons en parallèle deux médicaments oraux pour tenter de faire progresser le domaine [de la médecine contraceptive]." Le second traitement, appelé diméthandrolone undécanoate, ou DMAU, a été présenté lors de l’édition 2018 du congrès de la société américaine d’endocrinologie.
Si les chercheurs doivent encore poursuivre leurs travaux et notamment mener des tests sur des couples sexuellement actifs, cette étude se veut encourageante. D’ailleurs, le Dr Christina Wang prédit qu’une "contraception masculine hormonale réversible et sans danger devrait être disponible d’ici dix ans".