Pour que l’homéopathie ne soit plus remboursée par la Sécu. A 58 voix pour et 16 contre, l’Académie de médecine a voté mardi 26 mars en faveur d’un communiqué co-signé avec l’académie de pharmacie pour dénoncer l’inefficacité de l’homéopathie, annonce Le Figaro ce mercredi 27 mars. L'Académie avait déjà ouvertement pris position contre l’homéopathie en 1984, 1987, 2004 puis en 2017 via le Conseil scientifique des Académies des sciences européennes.
Connaissance insuffisante
"L'état des données scientifiques ne permet de vérifier" aucun des principes de l'homéopathie et "les méta-analyses n'ont pas permis de démontrer une efficacité des préparations homéopathiques", est-il écrit dans le communiqué d’aujourd’hui. D’après un groupe de travail constitué sur le sujet, l'homéopathie ne mérite qu’on la qualifie de "médecine", ni même de "médecine alternative". Et si les Français croient en elle (72% d’entre eux la jugent efficace selon un récent sondage), c'est surtout à cause d'une "connaissance insuffisante et/ou la sous-estimation de l'effet placebo avec attente", affirment les deux Académies.
Ainsi, d’après Daniel Bontoux, rapporteur du texte, l’homéopathie est, au mieux, "un bon auxiliaire" de l’effet placebo et du conditionnement du patient, à qui le médecin doit la vérité sur le sujet, insiste-t-il. Par conséquent, le communiqué demande à ce que l’homéopathie ne soit plus remboursée par la Sécurité sociale et à ce que les diplômes universitaires dédiés cessent d’exister. Que ce soit en faculté de médecine (c'est déjà le cas à Lille depuis la rentrée 2018), de pharmacie ou même d’école vétérinaire.
"Il est temps que les pouvoirs publics prennent acte !"
Si les médecins ont l’habitude de manifester leur méfiance envers l’homéopathie, l’opposition des pharmaciens est quant à elle plus récente. En décembre dernier, pour la première fois, certains d’entre eux ont cosigné une tribune dans L’Express pour dénoncer son remboursement.
"Non, l'homéopathie n'est pas un médicament actif, même si elle bénéficie d'une autorisation de mise sur le marché et d'un remboursement. Un état de fait injustifié, car l'homéopathie, contrairement aux autres médicaments, n'a pas fait la preuve de son efficacité sur la base de démonstrations vérifiables et objectives reconnues par la communauté scientifique internationale", écrivaient-ils, indiquant au passage que ces granulés blancs n'étaient "pas forcément inoffensifs". "Si un produit à base d'eau et de sucre ne peut évidemment pas faire de mal, il peut faire perdre du temps, voire mettre la vie en péril en cas de maladie aiguë ou chronique dont le traitement ne peut pas attendre", s'alarmaient-ils.
Aujourd’hui, "nous sommes heureux de voir que les deux académies se positionnent clairement. Il est temps que les pouvoirs publics et les instances ordinales en prennent acte!", explique le Dr Jérémy Descoux, cardiologue et président du collectif Fakemed (raccourci de "Fake medicine") au Figaro. Le médecin déplore toutefois que le communiqué ne soit pas plus incisif. "Prescrire et délivrer de l’homéopathie, c’est en accepter les prémisses; et quand on propose de l’homéopathie à un patient on est au minimum ambigu", estime-t-il, d’avantage favorable à des interventions non médicamenteuses telles que la psychothérapie ou la diététique.