Vacciner contre la grippe les enfants et les jeunes adultes réduirait de 25% la mortalité liée à la grippe et à ses complications. C’est le résultat d’une modélisation américaine sur l’efficacité de la politique vaccinale anti-grippale publiée dans la revue Vaccine. Rapportée aux chiffres français qui font état de 1500 à 2000 morts par an atribuables à la grippe, principalement parmi les personnes âgées ou fragilisées par d’autres maladies, ce sont donc 450 vies qui pourraient être épargnées chaque année. La logique est simple : vacciner les tranches d’âge les plus susceptibles d’être infectées permet d’interrompre le cycle de transmission du virus et ainsi de protéger les plus vulnérables.
Ecoutez le Pr Jean-Paul Stahl, chef du service Maladies infectieuses du CHU de Grenoble : « On s’attaque au réservoir de virus, les jeunes, pour protéger ceux qui ont les facteurs de risque maximum, les personnes âgées. »
En France, pour le moment, la stratégie n'est pas celle-là. On conseille la vaccination aux personnes chez lesquelles la grippe risque de se compliquer ou de compliquer une autre de leur pathologie. La vaccination anti-grippale est donc recommandée aux plus de 65 ans, aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques, aux cardiaques, aux diabétiques ou encore aux personnes en état d’immunodéficience.
Mais elle peine vraiment à convaincre. En 2012, la moitié seulement de ces personnes à risque s'est fait vacciner contre la grippe saisonnière. La vaccination antigrippale souffre encore plus que les autres vaccinations de la défiance des Français envers les vaccins. « La grippe ne fait pas peur. Les Français ont tendance à minimiser sa dangerosité pour les personnes âgées ou fragiles et donc à ne pas juger utile de se faire vacciner », explique Jean-Paul Stahl. Difficile donc d’imaginer convaincre les jeunes de tendre leur bras tous les automnes pour une « vaccination altruiste » au bénéfice de la génération de leurs grands-parents.
Ecoutez le Pr Jean-Paul Stahl, chef du service Maladies infectieuses du CHU de Grenoble : « Le fiasco H1N1 en 2011 a détruit l’idée d’une vaccination large et efficace contre la grippe. Nous en payons encore les conséquences. »
Contrairement aux Etats-Unis où cette recommandation de vaccination des plus jeunes est déjà à l'oeuvre, il reste beaucoup de chemin à parcourir en France pour renouer avec cette vaccination délaissée et contestée.