Le rein est l’un des rares organes que l’on peut donner de son vivant, en plus de la peau, de la moelle osseuse et des fragments osseux. Pourtant, il y a encore aujourd’hui une pénurie de donneurs : des milliers de malades en dialyse attendent encore un don pour pouvoir retrouver une vie normale. Pour sortir de cette pénurie, on avait déjà prouvé qu’il était possible de greffer des reins ayant une insuffisance rénale aigue. Mais une autre grande avancée vient d’être faite : le rein d’une personne séropositive a été greffée avec succès à une autre personne atteinte du VIH.
"Je me sens bien"
La donneuse s’appelle Nina Martinez, habite à Atlanta et a 35 ans. Elle s’est portée volontaire pour donner un rein à une personne anonyme. L'opération a eu lieu lundi et l'annonce a été faite ce jeudi 28 mars, lors d’une conférence de presse. "Je me sens bien", a-t-elle annoncé, tout sourire, en relative bonne forme au lendemain de la greffe, comme le raconte France Info. "Cela fait du bien d'avoir des bonnes nouvelles, car il y a beaucoup de problèmes insolubles avec le VIH", ajoute-elle. Le receveur "se porte à merveille", a déclaré Christine Durand, professeure à l’École de médecine de Johns Hopkins.
Initialement, Nina Martinez souhaitait donner son rein à un ami, mais celui-ci est décédé avant. Inspirée par un épisode de la série Grey's Anatomy, elle a contacté l'hôpital pour se porter candidate à un don anonyme. "Les portes sont désormais ouvertes pour que les gens qui vivent avec le VIH deviennent des donneurs de rein", explique Dorry Segev, le chirurgien qui a prélevé le rein de Nina. "Il y a 30 ans, la maladie était une sentence de mort. Mais désormais, une personne avec le VIH peut sauver une vie", se réjouit-il.
"Avoir le virus sous contrôle et être en bonne santé"
Depuis 2013 déjà, une loi fédérale promulguée par Barack Obama autorise la greffe d’organes prélevés sur des personnes séropositives décédées à des receveurs séropositifs inscrits sur liste d'attente. Mais c’est la première fois que cela se fait depuis un donneur vivant. Auparavant, les médecins craignaient qu’après la greffe, le VIH et les médicaments antirétroviraux affaiblissent trop le rein restant du donneur. Mais une étude de grande ampleur menée par les chercheurs les a convaincus que le risque que cela arrive était quasi nul L'hôpital a donc reçu l'autorisation de réaliser la première greffe de "vivant à vivant" en 2016. Néanmoins, il a y a des conditions pour limiter les risques : le donneur doit être en bonne santé et avoir le virus sous contrôle.
Comme partout dans le monde, les Etats-Unis souffrent d'une pénurie de reins, avec 100 000 personnes environ inscrites sur la liste d'attente, selon l'Organ Procurement and Transplantation Network. Il est estimé que parmi elles, 10 000 seraient séropositives. Ces patients pourraient donc désormais recevoir des reins porteurs du VIH, ce qui bénéficiera tous les malades. Le docteur a même déjà reçu des appels de personnes séropositives candidates à un don de rein.