La bactérie Helicobacter pylori infecte l’estomac de la moitié de la population mondiale. Seulement 1% de ces personnes infectées développent un cancer de l’estomac, troisième cause de mortalité par cancer dans le monde. Des chercheurs américains ont découvert qu’un traitement pourrait être efficace dans la prévention de cette maladie. En effet, le DFMO (difluorométhylornithine) est déjà connu pour bloquer la croissance des cellules, mais il permettrait aussi d’inhiber l’activité de la bactérie H. pylori. Les résultats de l’étude sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Il n’est pas nécessaire de supprimer la bactérie
La bactérie H. pylori a un rôle quelque peu ambigu. Elle peut en effet être dangereuse, provoquer un ulcère ou un cancer de l’estomac. Mais parfois, traiter l’infection à la bactérie et la supprimer peut avoir d’autres conséquences sur la santé. H. pylori protège de l’asthme, de certains troubles allergiques et évite les reflux gastro-oesophagien. "H. pylori a co-évolué avec les humains depuis au moins 60 000 ans, probablement plus longtemps, et tenter de prévenir le cancer de l’estomac en éliminant l’infection grâce au recours généralisé à des antibiotiques n’est pas nécessairement une bonne idée", estime Keith Wilson, professeur de médecine et professeur de pathologie, de microbiologie et d’immunologie.
Un traitement en essai
"Notre étude suggère qu’il serait possible de réduire la virulence de la bactérie sans avoir à l’éliminer. C’est une façon spéculative et inhabituelle de penser à une infection, mais cela pourrait être une stratégie intéressante", poursuit le chercheur, qui dirige également le Vanderbilt Center for Mucosal Inflammation and Cancer. Un essai clinique est actuellement en cours concernant le DFMO, ce traitement qui permet donc d’inhiber l’activité de la bactérie H. pylori, pour prévenir le cancer de l’estomac. L’équipe de Wilson a auparavant prouvé que le traitement, sur des animaux, provoquait une mutation génétique. Et les animaux qui subissaient cette mutation génétique ne développaient pas de cancer de l’estomac. La prochaine étape, pour les chercheurs, est donc de comparer ces résultats sur les humains.