Cancers, maladie de Parkinson, ou encore troubles du développement neurologique chez des enfants exposés in utero, « trop de signaux de danger sont au rouge ». En mars 2013, les médecins limousins lançaient déjà l'alerte sur les risques sanitaires liés à l’usage intensif des pesticides. Ils en avaient constaté auprès de leurs patients. C'est dans ce contexte, que la Direction Générale de la Santé (DGS) a sollicité l’Inserm pour effectuer un bilan de la littérature scientifique internationale permettant de fournir des arguments supplémentaires sur ces risques. Et les résultats publiés ce jeudi 13 juin ne sont pas rassurants !
Pour répondre à cette demande, l’Inserm s’est appuyé sur un groupe pluridisciplinaire d’experts. D’après les données publiées au cours des 30 dernières années, il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte. D'une part, une augmentation du risque de cancer de la prostate existe chez les agriculteurs, les ouvriers d’usines de production de pesticides et les populations rurales (entre 12 et 28%, selon les populations). Pour les autres cancers, un excès de risque de leucémies ne peut être écarté, souligne le rapport.
D'autre part, l’expertise collective s’est intéressée aux risques de maladies neurodégénératives liés à cette forme d'exposition. Une augmentation du risque de développer une maladie de Parkinson a été observée chez les personnes exposées professionnellement aux pesticides.
De plus, il existe aujourd'hui de nombreuses études épidémiologiques suggérant un lien entre l’exposition prénatale aux pesticides et le développement de l’enfant, à court et moyen terme. Avec des conséquences inquiétantes.
La littérature suggère une hausse significative du risque de morts fœtales (fausses- couches) ainsi qu’une augmentation du risque de malformations congénitales lors d’une exposition professionnelle maternelle aux pesticides. D’autres études pointent une atteinte de la motricité fine et de l’acuité visuelle ou encore de la mémoire récente lors du développement de l’enfant. Et, une augmentation significative du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales a également été mise en évidence chez ces populations.
Par ailleurs, cette contamination semble toucher une population assez large de riverains, et pas seulement les professionnels, car plusieurs études montrent une augmentation du risque de malformations congénitales chez les enfants des femmes vivant au voisinage d’une zone agricole (malformations cardiaques, du tube neural, hypospadias), avec une diminution du poids de naissance. Enfin, le lien entre certains pesticides, qui ne sont plus utilisés, et des atteintes de la fertilité masculine a été clairement établi.
Ce rapport alarmant de l'Inserm n'a pas tardé à faire réagir. Pour François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, « cette publication sans appel sur la réalité du danger des pesticides doit conduire à une action publique forte et rapide en matière de réduction de l’usage des pesticides et d’exclusion des substances actives suspectées d’être cancérigènes, mutagènes, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques ». L'association demande au gouvernement de légiférer pour « qu’à terme les collectivités publiques n’utilisent plus ces produits et que ceux-ci ne soient plus vendus aux utilisateurs non professionnels ».