Le cancer du sein est à la fois le plus fréquent et le plus mortel chez la femme. Chaque année, en France, 59 000 nouveaux cas sont détectés et près de 12 000 femmes en décèdent. Pourtant, le cancer du sein peut être guéri dans plus de 9 cas sur 10 lorsqu'il est détecté tôt. D’où l’importance de se faire dépister tous les ans par palpation pour les femmes de plus de 25 ans et par mammographie, tous les deux ans, à partir de 50 ans.
Généralement réalisées en 2D, les mammographies demeurent une méthode efficace pour dépister le cancer du sein chez les femmes de 65 ans et plus. Toutefois, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Radiology, cette technique s’avérerait d’autant plus efficace chez les femmes âgées si elle était systématiquement réalisée en 3 dimensions.
Moins de fausses alertes
Appelée tomosynthèse, la mammographie en 3D produit des séries de coupes d'un millimètre d'épaisseur. Elle permet ainsi d’éviter l’effet de superposition des tissus mammaires car elle reconstitue de manière tridimensionnelle l’image du sein à partir de plusieurs radiographies à faible dose acquises sous différents angles de projection. Encore peu utilisée il y a quelques années, la mammographie 3D est aujourd’hui largement utilisée en complément des mammographies conventionnelles, et recommandée notamment par la Haute Autorité de Santé, qui considère qu’elle "pourrait améliorer la performance clinique du dépistage du cancer du sein".
C’est aussi l’avis des auteurs de ces nouveaux travaux. Pour mesurer la plus-value que constitue la mammographie 3D sur le dépistage des cancers de personnes âgées, ils ont comparé les mammographies de dépistage conventionnelles de plus de 15 000 femmes âgées en moyenne de 72,7 ans avec celles de plus de 20 000 femmes d’un âge similaire ayant subi une tomosynthèse.
Si les deux techniques se sont avérées efficaces, ils ont constaté que la mammographie 3D présentait des avantages supplémentaires comme une réduction du nombre de faux positifs. La tomosynthèse a également montré qu’elle possédait une valeur prédictive positive plus élevée et une meilleure capacité à faire la distinction entre un cancer et une tumeur bénigne.
"Nous avons montré que la mammographie de dépistage donne de bons résultats chez les femmes âgées, avec des taux élevés de détection du cancer et de faibles faux positifs, et que la tomosynthèse conduit à une performance encore meilleure que la mammographie 2D classique", explique le Dr Manisha Bahl, radiologiste au Massachusetts General Hospital et professeure adjointe en radiologie à Harvard Medical School. "Par exemple, le taux d'interprétation anormale, c'est-à-dire le pourcentage de femmes qui sont rappelées pour une imagerie supplémentaire après une mammographie de dépistage, est plus faible avec la tomosynthèse qu'avec la mammographie 2D classique. Nous avons également constaté que moins de cancers détectés par tomosynthèse étaient positifs pour les ganglions lymphatiques, ce qui suggère que nous détectons les cancers à un stade plus précoce", poursuit la chercheuse.
1 femme sur 2 ne se fait pas dépister
Les résultats de l'étude n'appuient pas un âge limite précis pour le dépistage par mammographie. Selon le Dr Bahl, les directives pour le dépistage chez les femmes âgées devraient être basées sur les préférences individuelles, l'espérance de vie et l'état de santé et non pas seulement sur l’âge.
À l’heure actuelle en France, les femmes âgées de 50 à 74 ans sont invitées à faire pratiquer une mammographie et un examen clinique tous les deux ans. Bien que ces examens soient pris en charge à 100% par l’Assurance maladie, seules 49,9 % des femmes concernées ont répondu positivement en 2017 à l’invitation qui leur a été faite dans le cadre du programme de dépistage organisé du cancer du sein.