Alors qu’on est en plein débat sur la réforme d’accès aux soins, l’Autorité de la concurrence vient de rendre un avis plaidant pour l’assouplissement des règles de vente de médicament. En effet, ce domaine est très réglementé en France : les pharmacies ont le monopole.
L’enseigne E. Leclerc avait déjà tenté d’attaqué ce marché il y a quelques années, mais peine perdue. Aujourd’hui encore, elle ne peut vendre que de la parapharmacie. Mais cela pourrait bientôt changer : L'Autorité de la concurrence préconise dans un communiqué "d'assouplir partiellement et de manière strictement encadrée le monopole officinal pour autoriser la dispensation de médicaments en parapharmacies et en grandes surfaces."
Améliorer l'accessibilité de certains médicaments
Selon l’Autorité de la concurrence, il y a ici un enjeu important : celui d’améliorer "l'accessibilité des produits concernés et de fournir une plus grande concurrence par les prix quand celle-ci est autorisée, au bénéfice du pouvoir d'achat du patient." En effet, cette mesure engendrerait 15% de baisse de prix.
Néanmoins, cette brèche dans le monopole des officines a ses limites : "seule serait autorisée la vente des médicaments à prescription facultative, remboursables ou pas", précise Isabelle de Silva, présidente de l’Autorité de la concurrence. On parle ici de traitements des maux de gorge, plaies superficielles, rhumes etc. Néanmoins, l'Autorité reste soucieuse des impératifs de santé : elle recommande que la délivrance de ces médicaments et produits soit obligatoirement faite sous la responsabilité d'un pharmacien diplômé, dans un espace dédié, bénéficiant d'une caisse enregistreuse séparée.
Une ouverture
Néanmoins, la présidente de l’Autorité de la concurrence recommande d’ouvrir la possibilité de vendre certains dispositifs médicaux de diagnostic à la grande distribution. Il s’agirait des autotests de dépistage du VIH, de diagnostic pour la maladie de Lyme, des lecteurs de glycémie, de dosage du cholestérol… Ainsi que d’autres produits comme les plantes médicinales et certaines huiles essentielles. "La comparaison avec certains de nos voisins montre que les prix pourraient baisser de 15%", explique-elle.
Vendre des médicaments en ligne ?
En plus de toutes ces mesures, l’Autorité demande d’assouplir les règles de vente de médicaments en ligne. Celle-ci est autorisée depuis 2012, mais avec des contraintes très lourdes, qui ont empêché le marché de se développer. Isabelle de Silva craint que des sites installés en Belgique, où la réglementation est beaucoup plus souple, vole le marché à la France. Elle considère que "beaucoup de Français vont déjà sur ces sites étrangers" et veut alors éviter de pénaliser les acteurs français, privé de ce marché. Cette piste a les faveurs du ministère de la Santé, et pourrait donc bientôt être appliquée.