En matière de produits alimentaires, et en particulier ceux spécial "enfants", les industriels ont compris depuis longtemps l’importance du packaging. Faisant la part belle aux personnages de dessins animés, réalisés dans des couleurs vives et offrant parfois même des jouets, des jeux ou des promotions, ces produits rencontrent un vif succès auprès des enfants. Mais qu’en est-il de leurs réelles qualités nutritionnelles ? Et surtout, leur emballage est-il transparent sur ces apports nutritifs ?
Pas vraiment, si l’on en croit une étude anglaise publiée en ligne sur le site Archives of Disease in Childhood. Selon ses auteurs, les allégations relatives à la santé figurant sur l'emballage d'une grande partie des produits alimentaires destinés aux enfants au Royaume-Uni sont "déroutantes" et pourraient contribuer à l'augmentation des taux d'obésité chez les enfants.
L’effet de halo santé
Les chercheurs sont partis d’un constat : comme l’ensemble des produits alimentaires, ceux à destination des enfants affichent de plus en plus de données sur la nutrition et la santé. Par exemple, comparativement aux yaourts n’affichant aucune information, ceux précisant qu’ils sont "enrichis en vitamine D" ou "sans sucres ajoutés" donnent – faussement - l’impression au consommateur qu’ils sont plus sains et donc meilleurs pour santé. Ce phénomène est connu sous le nom de "effet de halo santé".
En Angleterre, bien que des mesures aient été prises pour contrôler la publicité destinée aux enfants sur les produits riches en matières grasses et en sucre, tels que les bonbons, les chocolats et les boissons sucrées, on a accordé moins d'attention à d'autres aliments portant des allégations sur l'emballage suggérant qu'ils contribuent à une bonne santé/nutrition, affirment les auteurs de l’étude.
Ils ont donc examiné la teneur en énergie, en matières grasses, en sucre et en sel des aliments commercialisés auprès des enfants de plus d'un an et largement disponibles dans divers grands magasins d'alimentation au Royaume-Uni. Ils se sont particulièrement concentrés sur les produits dont l’emballage avait des mentions explicites comme "équivaut à 1 portion de fruits ou légumes sur 5 journalières recommandées".
Au total, 332 produits différents, y compris les céréales pour petit-déjeuner, les collations aux fruits, les boissons à base de fruits, des produits laitiers comme des yaourts et des plats préparés ont été évalués à l'aide de l'outil du régulateur mis en place par le gouvernement britannique appelé The Nutrient Profiling Model (NPM) et qui permet d’identifier les aliments "sains".
Des informations trop floues ou carrément mensongères
Les résultats sont étonnants : plus de 4 aliments analysés sur 10 (41%) sont classés comme "peu sains" par le système de notation. C’est le cas par exemple pour les barres de céréales en raison de leur forte teneur en graisses saturées ou pour les céréales, dont la teneur en sel est supérieure aux recommandations journalières.
Quant aux collations à base de fruits comme les compotes, elles présentaient la teneur en sucre la plus élevée, soit en moyenne 48 g/100 g, et ce, même lorsqu’elles affirment équivaloir à une portion de fruit. Un produit sur trois contenait par ailleurs du jus de fruit concentré comme ingrédient ajouté, tandis qu'un sur quatre utilisait de la purée de fruits.
Enfin, près d'un quart des produits, dont la plupart étaient des boissons et des collations à base de fruits, étaient "sans sucre ajouté". Mais la moitié d'entre eux contenaient en réalité du jus concentré ou de la purée de fruits comme ingrédients ajoutés.
"Les fruits transformés sont perçus par le public comme une alternative naturelle et saine aux sucres ajoutés, mais en raison de la dégradation de la structure cellulaire, ils ont potentiellement le même effet négatif sur le gain de poids que les autres formes de sucre, ce qui explique pourquoi ils ont récemment été classés comme des sucres libres au Royaume-Uni", écrivent les chercheurs.
Selon eux, "les allégations nutritionnelles et de santé actuellement utilisées sur les emballages des produits sont déroutantes" pour les consommateurs et peuvent "avoir des répercussions négatives à long termes sur la santé des enfants", en favorisant notamment l’obésité.
Voilà pourquoi ils plaisent aujourd’hui pour une "réglementation plus stricte sur la composition des produits, l'étiquetage des aliments et les techniques de commercialisation" afin de "décourager la promotion des aliments qui pourraient être considérés comme obésogènes".