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Remède piquant

Cancer du poumon : manger des piments rouges peut ralentir le développement de la maladie

Par Raphaëlle de Tappie

La capsaïcine, la substance qui irrite et brûle l'estomac lorsque l'on mange du piment rouge, pourrait permettre de mieux combattre les métastases.

19msa05/iStock

Consommer des boissons très chaudes pourrait augmenter le risque de développer un cancer de l’oesphage tandis que manger des noix aiderait contre les récidives du cancer du colon. Et concernant le cancer du poumon, c’est le piment rouge qui serait bénéfique. En effet, d’après une étude américaine présentée à la réunion annuelle de l’American Society for Investigative Pathology qui se tient du 6 au 9 avril à Orlando en Floride (Etats-Unis), la capsaïcine contenue dans cet aliment ralentirait le développement du cancer du poumon, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Au cours de leur étude, des chercheurs de l’Ecole de Médecine Joan C. de l’Université Marshall en Virginie Occidentale (Etats-Unis) ont étudié des cellules d’humains atteints du cancer du poumon non à petites cellules en laboratoire. Ils ont ainsi pu remarquer que la capsaïcine, un composé chimique de la famille des alcaloïdes, composant actif du piment, inhibait l'invasion, première étape du processus métastatique d’un cancer. Ils ont également constaté que les souris atteintes d'un cancer métastatique qui avaient consommé de la capsaïcine présentaient moins de cellules cancéreuses métastatiques dans le poumon en comparaison avec celles qui n’en avaient pas mangé.

Dans le détail, les chercheurs ont découvert que la capsaïcine supprimait les métastases du cancer du poumon en inhibant l'activation de la protéine Src. Cette dernière joue un rôle important dans la signalisation contrôlant les processus cellulaires tels que la prolifération, la différenciation, la motilité et l’adhésion. 

Des propriétés anti-cancéreuses mais beaucoup d’effets secondaires désagréables

"Le cancer du poumon et d'autres se métastasent généralement à des endroits secondaires tels que le cerveau, le foie ou les os, ce qui les rend difficiles à traiter", explique Jamie Friedman, qui a participé à la recherche. "Notre étude montre que la capsaïcine pourrait représenter une nouvelle thérapie pour combattre les métastases chez les patients atteints de cancers du poumon". A terme, "nous espérons qu’elle pourra être associée avec d'autres agents chimiothérapeutiques pour traiter divers cancers du poumon", poursuit-il.

"Cependant, il faudra surmonter ses effets secondaires désagréables", prévient-il. En effet, la capsaïcine est connue pour provoquer des irritations gastro-intestinales, des brûlures et des crampes d'estomac. C’est pourquoi, Jamie Friedman et ses collègues travaillent actuellement à identifier des composés naturels ayant les mêmes capacités anticancéreuses mais qui seraient moins "piquants" pour l’organisme. 

En France, on recense chaque année environ 32 000 nouveaux cas de cancer du poumon chez l’homme et plus de 16 000 chez la femme. Avec environ 31 000 décès par an, il représente la première cause de mortalité par cancer chez les hommes (67% des morts) et la seconde chez les femmes. Il est d’ailleurs en forte augmentation chez ces dernières depuis 1980, probablement car les femmes fument plus qu’avant. Or le tabac est de loin la première cause de la maladie. Il est en effet responsable de plus de huit cas sur dix. Chez les hommes en revanche, l’incidence du cancer du poumon est relativement stable depuis 1990 tandis que la mortalité diminue depuis 1995.