L’épidémie de grippe vient de se terminer et elle a fait plus de 7 000 morts. La meilleure manière de s’en protéger est de se faire vacciner. Le produit n’est jamais efficace à 100 %, mais des chercheurs de l’Unité 1135 de l’Inserm montrent qu’un changement du mode d’administration permet d’améliorer son efficacité. L’étude a été dirigée par Behazine Combadière et les résultats ont été publiés dans la revue JCI.
Lorsqu’on se fait vacciner contre la grippe, le produit est injecté par voie musculaire. Il permet à l’organisme de produire des anticorps (réponse humorale). La nouvelle technique développée par les chercheurs français provoque une réponse cytotoxique : le vaccin stimule la production de lymphocytes T, des globules blancs capables de détruire les cellules infectées. Cette nouvelle voie d'administration utilise soit l'injection intradermique soit l'application transcutanée, c’est-à-dire par les follicules pileux.
Des résultats importants pour les personnes âgées
60 personnes âgées de 18 à 45 ans ont participé à l’essai clinique, mené en collaboration avec le CIC de vaccinologie dirigé par le Dr Odile Launay. Une partie d’entre elles ont eu la réponse cytotoxique attendue. "Ce résultat plaide en faveur de la considération de cette voie d'injection du vaccin dans la mesure où elle déclenche une réaction immunitaire supplémentaire à celle obtenue dans le cadre d'une vaccination classique, explique la directrice de la recherche, Behazine Combadière. Ces réponses cytotoxiques seraient notamment protectrices chez les personnes âgées après vaccination anti-grippale."
Le lendemain de la vaccination, les chercheurs ont étudié, grâce à une analyse génétique du sang, la réponse immunitaire. Comme ils ont utilisé trois voies d’administration, ils s’attendaient à trouver trois signatures de l’immunité. "Or nos résultats montrent uniquement 2 signatures, constate Behazine Combadière. Ces deux signatures sont corrélées à la réponse immunitaire de l’individu : ceux qui répondent au vaccin en augmentant leur réponse humorale et ceux qui répondent en induisant une réponse cytotoxique." Certains biomarqueurs permettraient même de connaître la qualité de la réponse immunitaire dans l’organisme trois semaines plus tard. D’autres essais doivent être réalisés avant d’espérer pouvoir appliquer cette technique lors des campagnes de vaccination.
Le vaccin de l’hiver prochain déjà dévoilé
Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé décide de la composition du prochain vaccin largement avant le début de l’épidémie. Elle établit des probabilités sur l’activité des différentes souches des virus grippaux avant de la transmettre aux fabricants, qui ont besoin de plusieurs mois pour le développer. Pour l’hémisphère nord, la composition du vaccin de l’hiver prochain a été publiée en février dernier.