Entre 250 000 et 500 000 personnes dans le monde sont victimes chaque année de lésions de la moelle épinière. Le plus souvent, ces lésions sont liées à des accidents de la circulation, des chutes ou résultent d'actes de violence touchant la colonne vertébrale. Et les conséquences sont terribles : paraplégie, pertes de motricité pouvant entraîner elles aussi la dépendance et de multiples affections secondaires risquant d'engager le pronostic vital.
Une étude internationale pourrait aboutir à la mise au point prochaine d'un médicament qui, associé à des techniques de rééducation, faciliterait la récupération des victimes de lésions de la moelle épinière.
L'impact de l'exercice physique déjà démontré
Des travaux, et l'expérience des thérapeutes, ont déjà montré que les personnes victimes de tels traumatismes et qui ont eu auparavant un mode de vie actif se rétablissent mieux que les autres. Et l'impact de l'exercice physique sur le fonctionnement du cerveau et de l'ensemble du système nerveux a été démontré en laboratoire par des expériences menées sur des souris. "Les animaux vivant dans des environnement équipés de roues pour l'exercice, de jouets et qui sont en présence d'autres animaux montrent de meilleures performances. Dans des tests de mémoire et d'orientation, on voit davantage de neurogénèse dans l'hippocampe et d'épines dendritiques (structures qui permettent le développement de synapses ou de contacts entre cellules neuronales)", rappelle le Dr Angel Barco de l'Institut des neurosciences d'Alicante.
Augmenter la capacité de régénération des nerfs
A partir de ce constat, des chercheurs de l'Imperial College à Londres ont identifié, dans ce processus qui rend les nerfs plus susceptibles de se régénérer, une molécule appelée CBP (CREB-Binding-Protein) capable de modifier l'expression de plusieurs gènes et d'augmenter la capacité de régénération des nerfs endommagés.
L'équipe d'Angel Barco à Alicante a étudié les effets de cette protéine sur des souris. "En plaçant des animaux dépourvus de cette protéine dans un environnement enrichi, nous avons constaté qu'ils ne sont pas en mesure de répondre à ces stimuli et qu'il n'y avait pas chez eux une amélioration de la réparation des blessures nerveuses", précise le chercheur.
Après traitement, des animaux ont retrouvé une mobilité significative
Déduction: la CBP est bien une molécule clé, capable de devenir une cible thérapeutique pour augmenter la régénération après une lésion de moelle épinière. Et les essais ont démontré que l'administration d'un composé augmentant l'activité de cette protéine CBP (six heures après la lésion de la colonne puis une fois par semaine) favoriserait la régénération des fibres nerveuses endommagées. Après blessure et traitement par ce médicament, les animaux qui ne pouvaient pas marcher correctement avaient retrouvé une mobilité significative de leurs pattes postérieures.
Des études cliniques devraient débuter prochainement afin de démontrer qu'un tel médicament est sans danger pour les humains. Cela représente un véritable espoir pour les victimes de graves traumatismes de la colonne vertébrale avec lésions de la moelle épinière.