Près de 14 millions de Français souffrent actuellement d’hypertension artérielle (HTA). Cette maladie chronique est la plus fréquente dans l’Hexagone. Elle désigne une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins. Au premier abord, l’hypertension artérielle semble anodine car elle est silencieuse. Cependant, lorsqu’elle n’est pas contrôlée, elle devient l’une des principales causes de complications, notamment avec des risques d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral, voire de maladie d’Alzheimer.
Souvent, les personnes souffrant d’hypertension artérielle suivent un régime alimentaire et se voient prescrire des médicaments. Seulement pour certains patients cela n’est pas suffisant. Pour y remédier, de nouveaux traitements sont à l'essai. C’est le cas du firibastat, dont l’efficacité est démontrée dans une étude, publiée dans le Journal of Hypertension.
Un troisième essai clinique
Le firibastat fait partie d’une nouvelle classe de traitements, qui ciblent le système rénine-angiotensine cérébral. Il bloque tous les mécanismes provoquant l’hypertension artérielle, en inhibant l’aminopeptidase A, une enzyme présente dans notre cerveau et qui produit l’angiotensine III. Le firibastat a déjà été testé dans deux études cliniques de phase I.
34 patients ont participé à l’étude menée par les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les participants étaient âgés en moyenne de 57 ans, 73% étaient des hommes et aucun n'avait de problème de surpoids. La moitié d’entre eux a bénéficié du firibastat pendant quatre semaines, puis d'un placebo pendant quatre autres semaines. L’autre moitié a d’abord reçu le placebo, puis le firibastat.
Plus l’hypertension est sévère, plus le traitement est efficace
D’après les résultats, le firibastat a permis un meilleur contrôle de la pression artérielle systolique (PAS) au bout de quatre semaines, avec une baisse de -4,7 mmHg contre +0,1 mmHg sous placebo. Cette différence ne semble pas significative. "Cela peut s’expliquer par la taille réduite de l’effectif mais aussi par le fait que les patients inclus avaient une hypertension artérielle modérée", explique Catherine Llorens-Cortes, directrice de recherche de l’Inserm.
Or, le firibastat est un agent anti-hypertenseur et non pas un hypotenseur. C’est-à-dire qu’il agit uniquement sur une hypertension, pas sur une tension normale. "Son efficacité devrait donc s’accroître avec la sévérité de l’hypertension", précise la chercheuse. Cela se confirme d’ailleurs dans l’étude puisqu’une baisse de la pression artérielle a atteint -9,4 mmHg en cas de fortes hypertensions. Ces résultats ont donné le feu vert à une étude de phase IIb menée aux Etats-Unis, qui elle aussi montre l’efficacité du firibastat, cette fois-ci sur des patients hypertendus en surpoids.