Près de vingt ans après avoir connu sa dernière épidémie de dengue, l’île de Tahiti est à nouveau en état d’urgence. Dans un communiqué du jeudi 11 avril, la présidence de la Polynésie française a indiqué que l’île était touchée par une nouvelle épidémie après avoir constaté "plus cas autochtones de dengue de type 2, non liés entre eux et disséminés sur plusieurs communes".
Selon le site de la radio locale Radio1.pf, les premiers cas autochtones ont été détectés à Mahina, au nord de l’île, puis à Papeete le 1er avril, avait que de nouveaux cas soient révélés à Mahina. Vendredi 12 avril, la directrice du Centre d’hygiène et de salubrité, Glenda Mélix, a fait état de "8 cas confirmés de dengue 2 autochtone répartis sur 4 zones : deux zones à Mahina, une à Papeete et une à Faa’a".
La dernière épidémie remonte à 2000
Aussi appelée "grippe tropicale", la dengue est une fièvre hémorragique tropicale liée à un arbovirus, transmis par le moustique tigre femelle. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 390 millions de cas sont recensés chaque année dans le monde, dont 500 000 de dengue "hémorragique", c'est-à-dire qui sont mortels dans plus de 2,5% des cas.
Dans le cas de l’épidémie sévissant à Tahiti, il s’agit du virus de dengue 2, contre lequel la population est peu immunisée, la dernière épidémie de ce sérotype remontant à 1997. 19% de la population tahitienne avait alors été touchée. Tous sérotypes confondus, l’épidémie la plus sévère encore dans les mémoires est l’épidémie de dengue de type 1 qui a touché, en 2000-2001, 17% de la population et avait causé la mort de 8 personnes.
Les symptômes de la dengue se manifestent au bout de 3 à 14 jours (en moyenne 4 à 7 jours) après la piqûre infectante. On observe alors un syndrome grippal touchant les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il n’existe aucun traitement spécifique. Si la dengue hémorragique est une complication potentiellement mortelle, le diagnostic clinique précoce et une prise en charge clinique rapide permettent souvent de sauver des vies.
Un appel à la vigilance
Faut-il alors attendre à nouveau une épidémie de grande ampleur ? Pour Glenda Mélix, ce nouveau virus pourrait en effet être dévastateur, notamment chez les personnes nées ou arrivées sur l’île après 2000. La moitié des personnes nées avant cette date sont aussi très exposées au risque.
Les hôpitaux de la région se tiennent d’ailleurs prêts à accueillir les futurs malades. C’est le cas notamment de celui du Centre hospitalier de Polynésie française, situé à Ta'aone. "Notre crainte principale, c’est que des patients avec des formes sévères se présentent. On a un taux d’occupation élevé, si on a un taux de croissance marginal, ça peut devenir compliqué. Et notre premier souci est d’assurer la continuité du service si on a 10% ou 15% du personnel qui est touché", a déclaré à Radio1 le directeur de l’établissement Jean-Mario Savio.
Pour éviter les contaminations, il est recommandé à la population tahitienne de détruire les gîtes larvaires des moustiques en supprimant les points d’eaux stagnantes. Il faut aussi "éviter de se faire piquer, en s’appliquant des répulsifs cutanés, voire en utilisant des diffuseurs électriques d’insecticide", recommande Glenda Félix. Enfin, en cas de fièvre supérieure à 38°, il est nécessaire de consulter son médecin rapidement.