La polyarthrite rhumatoïde est une maladie articulaire inflammatoire et chronique, d’origine auto-immune. Les patients touchés par cette affectation ont un risque environ 50% plus élevé de subir des événements cardiovasculaires, tels qu'une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, par rapport à la population générale.
En réduisant le cholestérol LDL, on sait que les statines aident à prévenir les événements cardiovasculaires chez certains individus à haut risque, mais on ne sait pas si elles sont sûres et efficaces pour les patients souffrant d'affections inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde. Des chercheurs se sont penchés sur cette question et ont publiés leurs résultats dans Arthritis & Rheumatology, un journal officiel de l’American College of Rheumatology.
Pour étudier les risques et les avantages potentiels des statines chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, les chercheurs ont conçu une étude multicentrique, qui compare l'atorvastatine (un médicament d type statine) à un placebo. Plus de 3 000 patients ont participé : ils étaient soit atteints de polyarthrite rhumatoïde et âgés de plus de 50 ans, soit atteints de polyarthrite rhumatoïde depuis plus de 10 ans, sans athérosclérose clinique, diabète ou myopathie. Les patients ont soit reçu 40 mg d’atorvastatine par jour, soit un placebo.
Résultats : un risque diminué de 10%
Au cours d'un suivi de deux ans et demi, 1,6% des patients ayant reçu de l'atorvastatine et 2,4% des patients du groupe placebo ont présenté un décès d'origine cardiovasculaire, une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral, une attaque ischémique transitoire ou une revascularisation artérielle. Après ajustement, on peut dire que le risque d'événements cardiovasculaires diminue de 40% chez les patients traités par l'atorvastatine, bien que la différence ne soit pas statistiquement significative, puisque le taux global d'événements était faible. À la fin de l'essai, les patients traités par l'atorvastatine présentaient un taux de cholestérol LDL significativement inférieur ainsi qu'un taux de protéine C-réactive, marqueur de l'inflammation, significativement plus bas que ceux traités par placebo. Les effets indésirables observés dans les groupes atorvastatine et placebo étaient similaires.
Les auteurs de l’étude recommandent de prescrire des statines aux patients atteints de polyarthrite rhumatoïde conformément aux directives nationales ou locales en matière de gestion du risque cardiovasculaire dans la population générale. "Les résultats montrent qu'il n’y a pas plus de risques de prendre des statines si on est atteint de polyarthrite rhumatoïde", a déclaré le professeur Deborah Symmons, l’un des deux auteurs principaux.