La Joconde suscite toujours la curiosité, plus de 500 ans après sa création. Le chef d’oeuvre de Léonard de Vinci intéresse les médecins qui s’interrogent sur son état de santé. La dernière publication sur le sujet affirmait que la femme représentée, Lisa Gherardini de son vrai nom, souffrait d’hypothyroïdie. Selon le cardiologue à l’origine de cette hypothèse, son teint jaunâtre, la largeur de son cou ou son sourire crispé en seraient des preuves. Michael Yafi, endocrinologue pédiatrique au sein du centre médical de l’université du Texas réfute cette théorie : d’après lui, Mona Lisa était en bonne santé. Son analyse est publiée dans Hormones-International Journal of Endocrinology and Metabolism.
Un art très figuratif
Michael Yafi déconstruit un à un les arguments avancés par ses prédécesseurs. "Les sculptures des anciennes civilisations des Andes et d’Egypte montrent des goitres endémiques dans des régions où il y avait des carences en iode, comme la région de Toscane dans laquelle vivait Lisa Gherardini", explique le chercheur. Le goitre, gonflement de la glande thyroïde, est justement l'un des signes de la maladie, qui est fréquente dans les zones carencées en iode. "L’art de la Grèce antique représente également ce symptôme, comme plusieurs poèmes et même la littérature de Shakespeare. Si Lisa Gherardini avait eu un goitre à cause d’une carence en iode, il aurait été (...) plus clairement délimité dans le tableau." En clair, Léonard de Vinci avait suffisamment de talent pour représenter de manière claire ce symptôme de la maladie.
Un accouchement quelques mois avant la peinture
L’autre argument des scientifiques pour prouver l’hypothyroïdie est la couleur jaunâtre de sa peau. Pour Michael Yafi, si la maladie en était à l’origine, cela signifierait qu’elle était à un stade très avancé. Or, l’hypothyroïdie provoque des problèmes de fertilité, mais Lisa a eu 5 enfants, dont l’un d’eux est né quelques mois seulement avant qu’elle pose pour de Vinci. "La décoloration pourrait simplement être due à l’âge de la peinture, comme au vernis appliqué par le peintre", suggère Michael Yafi. La Joconde a d’ailleurs été volée pendant trois ans, et elle aurait été vandalisée avec de l’acide à ce moment-là, ce qui pourrait aussi expliquer la teinte du tableau.
Le sourire de La Joconde est la dernière preuve d’une possible maladie. Crispé et tordu, il laisse penser à certains scientifiques que la femme qui pose était atteinte d’une myopathie liée à son hypothyroïdie, une maladie des tissus musculaires. "C’est généralement une maladie grave, ce qui signifie que ça aurait empêché Lisa Gherardini de poser avec le dos droit", affirme Michael Yafi. Selon lui, Lisa Gherardini avait un fonctionnement thyroïdien tout à fait normal.