Une enquête nationale de pharmacovigilance portant sur l’ibuprofène et le kétoprofène a été menée par les centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille suite aux signalements de complications infectieuses graves liées à la prise de ces anti-inflammatoires. "L’objectif de cette enquête était de déterminer si ces complications infectieuses graves étaient favorisées" par la prise de ces médicaments "ou si elles traduisaient l’évolution de la pathologie infectieuse initiale", explique l'Agence du médicament (ANSM) dans un rapport rendu le 18 avril.
42 décès en 18 ans
Mais les résultats sont clairs et le constat alarmant : sur l’ensemble des cas rapportés depuis l’année 2000, "337 cas de complications infectieuses avec l’ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène ont été retenus après avoir pris en compte uniquement les cas les plus graves chez des enfants ou des adultes (souvent jeunes) sans facteur de risque ni comorbidité".
On parle ici "d’infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes…), de sepsis, d’infections pleuro-pulmonaires (pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie), d’infections neurologiques (empyèmes, abcès cérébraux…) ou ORL compliquées (cellulites, médiastinites...), à l’origine d’hospitalisations, de séquelles voire de décès". Au total, "en 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de complications infectieuses dont 32 décès ont été répertoriés pour l'ibuprofène et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène", explique à l'AFP le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.
Ces complications infectieuses, essentiellement à Streptocoque ou à Pneumocoque, ont été observées après des traitements de 2 à 3 jours, parfois associées à la prise d'antibiotiques. Dans ces cas, l’ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication en cas de fièvre, atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqûre d’insecte…), des manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire…) ou ORL (dysphagie, angine, otite…). Or, comme le précise l'ANSM, ces médicaments "sont déjà connus comme pouvant être à l’origine de complications cutanées bactériennes graves", lorsqu’ils sont utilisés par exemple "au cours de la varicelle et doivent être évités dans ce cas".
Les recommandations de l'ANSM
Privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, en particulier en automédication.
Les règles du bon usage en cas de douleur et/ou fièvre
- Prescrire et utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte
- Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes
- Eviter les AINS en cas de varicelle
- Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre
- Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur
- Ne pas prendre deux médicaments AINS1 en même temps