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Alimentation

Obésité : la génétique joue un rôle dans la prise de poids

Par Mégane Fleury

Des mutations du gène MC4R altèrent la sensation de satiété, ce qui augmente le risque d’obésité.

Khosrork/istock

Nous ne sommes pas tous égaux face à la nourriture : certains seront repus en trois bouchées quand il en faudra le triple pour d'autres. Ce n’est pas une question de volonté, au contraire, cette différence est génétique. Deux études publiées récemment dans la revue Cell montrent que des mutations génétiques augmentent le risque d’être en surpoids ou obèse. 

Une satiété continue 

Les deux études ont été réalisées grâce aux données de près de 500 000 personnes âgées de 40 à 69 ans. Dans la première, des chercheurs britanniques ont travaillé sur les mutations du gène MC4R. Lorsque ce gène est normal, il envoie un signal de satiété au cours du repas, mais lorsqu’il est altéré par une mutation, le corps ne reçoit pas ce message. 6% des enfants en obésité sévère auraient cette modification du gène MC4R. Les chercheurs de l’université de Cambridge ont analysé le fonctionnement de ce gène chez les personnes minces : pour certaines d’entre elles, il est actif en permanence. Cela signifie qu’elles ressentent la satiété de manière continue. 6% de la population porterait cette mutation génétique particulière. 

Un risque d’obésité génétique 

Une seconde équipe de recherche, de l’hôpital général du Massachusetts, a utilisé les mêmes données pour établir une échelle de risque d’obésité basée sur l’ADN. Ils ont analysé l’ensemble des mutations génétiques associées à un risque d’obésité. Les personnes qui obtiennent les scores les plus élevés pèsent 13 kilos de plus en moyenne que ceux qui ont les scores les plus faibles. "Nous avons été choqués par la différence", affirme le Dr Sekar Kathiresan, co-auteur de la recherche.

Les personnes en obésité sévère dans l’étude étaient 60% à avoir un score élevé. Les chercheurs ont voulu comprendre à quel moment de la vie ce risque devient réalité. Ils ont constaté qu’à la naissance, le score sur l’échelle de risque n’influe pas sur le poids. Par contre, à partir de 3 ans et demi, les bébés qui ont un score élevé sont plus lourds que les autres enfants de leur âge. A 8 ans, la plupart sont déjà obèses, et à l’adolescence, ils pèsent 13 kilos de plus en moyenne que ceux aux faibles scores. 

Les scientifiques précisent qu’un score élevé sur l’échelle de risque d’obésité calculée par rapport à l’ADN ne signifie pas que la personne sera nécessairement obèse, mais elle devra probablement faire plus d’efforts pour maintenir son poids de forme