200 personnes meurent chaque jour d’une overdose à cause de médicaments opioïdes aux Etats-Unis. Depuis plusieurs années, ces traitements sont devenus un enjeu de santé publique central dans le pays : ces antidouleurs font plus de morts que les accidents de la route. Des chercheurs américains constatent dans le JAMA Network Open, que le risque d’overdose dépend de la manière dont le traitement anti-douleur est réalisé. Il est plus élevé lorsque les dosages varient.
Des risques équivalents, quel que soit le dosage
La recherche a rassemblé une cohorte de 14 898 patients, suivis de 2006 à 2018. Tous suivaient un traitement de long-terme à base d’opioïdes. Les données ont permis aux chercheurs d’étudier en détails leur consommation. En moyenne, les patients en prenaient pour une durée de plus de 36 mois. Lorsque les doses varient, cela multiplie par trois le risque d’overdose en comparaison aux patients qui prennent toujours le même dosage. Cela signifie que même pour les patients qui prennent de faibles doses d’opioïdes, changer le dosage régulièrement augmente le risque de mauvais usage de ces médicaments et donc d’overdose.
L’interruption temporaire est bénéfique
Les chercheurs ont également constaté que suspendre le traitement pour des périodes plus ou moins courtes pouvait avoir des effets bénéfiques : les patients qui faisaient des interruptions de 3 mois ou plus avaient un risque d’overdose divisé par deux, en comparaison au groupe de contrôle. "Nous espérons comprendre comment les soignants peuvent aider leur patient à gérer la douleur, explique Dr Binswanger, l’un des co-auteurs de cette étude. Sans pour autant les exposer à des risques inutiles en changeant rapidement les dosages".
Une crise qui touche aussi la France
En France aussi, les opioïdes font des ravages. "La prévention des risques liés aux antalgiques opioïdes est une préoccupation majeure des autorités de santé", indiquait l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans un rapport en février. Elle y révélait que chaque semaine, 4 personnes décèdent d’une overdose d’antidouleurs dans l’hexagone.